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Berlioz sauce anglaise

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
10/26/2006 -  et 27* octobre 2006
Hector Berlioz : Roméo et Juliette
Isabelle Cals (mezzo-soprano), Pavol Breslik (tenor), Kyle Ketelsen (baryton-basse), Chœur de Radio France, Orchestre national de France, Sir Colin Davis (direction).

On ne saurait rêver direction plus attentive et plus raffinée. Sir Colin Davis, qui connaît son Berlioz par cœur, ne risque pas de se laisser déborder par les effets de masse de la « Grande Fête chez les Capulets » ou le Finale. Il équilibre les plans sonores, met en valeur toute la richesse polyphonique de l’œuvre, dégageant notamment les voix intermédiaires qu’on néglige parfois au profit des seules combinaisons sonores : la « Scène d’amour » ou le « Convoi funèbre de Juliette » sont d’une telle clarté qu’on croirait avoir la partition sous les yeux. L’ancien patron du Covent Garden n’en oublie pas pour autant qu’il dirige une « symphonie dramatique », témoignant d’un sens évident de la narration, notamment dans la mort des deux amants, où l’on a l’impression qu’ils expirent sous nos yeux. Le travail sur les couleurs n’est pas moins remarquable, avec, du côté des cordes, une rondeur qu’on ne leur connaît pas toujours.
Il n’en reste pas moins que ce Berlioz si beau plastiquement garde un côté un peu lisse et que le romantisme passionné de la partition paraît gommé au profit d’une approche trop exclusivement élégante, en gants blancs, un rien victorienne. On aimerait plus de violence dans les « combats » et le « tumulte » du début, plus d’abandon dans la « Scène d’amour », plus de piquant dans le « Scherzo de la reine Mab », plus de folie dans « Roméo au tombeau ». Certes, il s’en faut de peu, mais c’est ce peu qui nous rendrait la flamboyance de Berlioz et, au-delà de notre admiration pour la belle ouvrage, nous ferait vibrer à l’unisson du couple mythique. Le chœur, en revanche, semble parfois forcer ses moyens. Du côté des solistes, si Isabelle Cals phrase les Strophes avec un soin scrupuleux, si Pavol Breslik chante la Reine Mab d’une jolie voix au timbre frais, la palme revient, nonobstant une certaine discrétion dans les notes les plus graves, au Père Laurence du jeune Kyle Ketelsen, assez impressionnant par la qualité de son articulation et la noblesse de sa ligne, jamais outré dans le passage le plus opératique – et sans doute le moins intéressant – du chef-d’œuvre berliozien.
C’est un autre regard sur les musiciens du National que propose jusqu’au 28 novembre, au rez-de-chaussée du Théâtre, l’exposition « Traits d’orchestre » réalisée par les élèves de l’école Estienne : un regard à la fois curieux, naïf, émerveillé, parfois distant, parfois empathique.



Didier van Moere

 

 

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