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Pleyel: le retour aux sources

Paris
Salle Pleyel
10/22/2006 -  
Joseph Haydn : Variations en fa mineur, Hob.XVII.6
Franz Liszt : Trois sonnets de Pétrarque extraits de la Deuxième des «Années de pèlerinage» (L’Italie)
Robert Schumann : Davidsbündlertänze, opus 6

Delphine Lizé (piano)


Si le coup d’envoi de la «nouvelle» Salle Pleyel a été donné dès le 13 septembre par l’Orchestre de Paris, Hubert Martigny, propriétaire du lieu ainsi que de la manufacture de pianos du même nom, désormais sise à Alès, aura attendu cinq semaines pour procéder, avec le premier récital de piano depuis la réouverture, à ce qui ressemblait fort à une inauguration en bonne et due forme, présentant en outre le fleuron de la marque, le «P280». Ironie du sort, ce superbe piano de concert, aux aigus dépourvus de clinquant (quoiqu’un peu grêles), aux graves chaleureux et bien timbrés, était confié à Delphine Lizé, vingt-sept ans, une «ambassadrice» qui, en tant qu’étudiante à la Hochschule für Musik de Hambourg, a obtenu cette année une bourse… Steinway.


Créée notamment pour servir de vitrine aux pianos de la marque éponyme, la Salle Pleyel retrouvait ainsi l’une de ses fonctions originelles, en attendant l’inauguration d’un show room décoré par Jacques Garcia et destiné à exposer les instruments, prévue l’année prochaine, celle du bicentenaire du lancement de cette activité par Ignace Pleyel. On ne sait trop ce qu’aurait pensé le fondateur des pianos «haut de gamme» au design conçu par Marco Del Re – l’auteur des fresques qui ornent le foyer – ou Aki Kuroda, mais il ne saurait être question de faire la fine bouche devant la seule entreprise française qui survit encore dans ce secteur.


Pas peu fier de souligner que lors des récentes journées du patrimoine, la salle du faubourg Saint-Honoré accueilli treize mille visiteurs, «soit davantage que l’Elysée», Hubert Martigny en a profité pour rappeler longuement les changements tant architecturaux qu’esthétiques et acoustiques intervenus au terme de quatre années de travaux, ainsi que les différentes étapes financières de l’opération, depuis l’achat au CDR en 1998 jusqu’à la signature du bail avec l’Etat en 2003.


Cet événement aussi mondain que musical, pour lequel la plupart des spectateurs avaient bénéficié d’invitations, marquait en même temps la première soirée, «hors les murs», des douze «Concerts à Saint-Etienne-du-Mont» organisés par Intrada, la maison de disques fondée par Emmanuelle Gaume et Eric Tanguy: leur quatrième saison demeurera bien entendu fidèle à l’orgue (Marie-Claire Alain, Thierry Escaich, …), mais proposera en outre de la musique de chambre et des récitals (Nicolas Baldeyrou, Marina Chiche, Emmanuelle Swiercz, …).


Delphine Lizé, qui a d’ores et déjà enregistré en août dernier à Pleyel, bien évidemment sur un piano Pleyel, un disque à paraître début 2007 chez Intrada, avait choisi un programme exigeant et ambitieux, peut-être pas idéal pour ce genre d’occasion, débutant par les Variations en fa mineur (1793) de Haydn. Rhapsodique et résolument préromantique, son approche n’en privilégie pas moins la clarté d’un discours qui ne cesse de s’enrichir, avec des doigts que ne trahissent ni la technique et le toucher, ni la mécanique précise de l’instrument, autorisant de belles nuances.


Si Liszt, à la différence de Chopin, est davantage resté associé à Erard qu’à Pleyel, les Sonnets XLVII, CIV et CXXIII de Pétrarque, extraits de la Deuxième (1849) de ses Années de pèlerinage, n’en auront pas moins confirmé les qualités d’un piano certes plus feutré que puissant ou brillant, d’autant que le jeu de Delphine Lizé demeure sage et contrôlé, presque raide et effacé.


La patience des philistins ayant visiblement ses limites, du temps de Schumann comme du nôtre, une part significative du public renonce à entendre en seconde partie les Danses des compagnons de David (1837). La pianiste niçoise connaît bien l’œuvre, car elle l’a retenue pour son premier disque publié chez Intrada, mais, optant pour une approche plus maîtrisée que fougueuse, elle conserve un sérieux, une rectitude et une distance qui, associés à des phrasés étales et sans effusions, restent trop souvent extérieurs à l’univers schumannien, à son sens du fantastique et de l’humour, à ses failles et à sa poésie, et ce malgré une réalisation quasiment irréprochable.


Elle conclut avec, en bis, une Arabesque (1839) lisse et aimable, plus maniérée que fluide: si l’accord de l’instrument, pourtant vérifié à l’entracte, paraît instable en cette fin de récital, il se confirme que l’acoustique de la Salle Pleyel, qui a déjà fait ses preuves en matière symphonique, est également à même d’offrir un cadre remarquable aux vedettes du piano qui viendront s’y produire, même si la programmation demeure pour l’heure encore assez chiche dans ce domaine.


Le site des pianos Pleyel
Le site des «Concerts à Saint-Etienne-du-Mont»



Simon Corley

 

 

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