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Les Viennois chez Pasdeloup

Paris
Salle Pleyel
10/21/2006 -  
Thomas Daniel Schlee : Musik für ein Fest, opus 64 (création française)
Gustav Mahler : Lieder eines fahrenden Gesellen
Wolfgang Amadeus Mozart : Ouverture de «Don Giovanni», K. 527
Ludwig van Beethoven : Concerto pour piano n° 4, opus 58
Richard Strauss : Suite de valses n° 1 du «Chevalier à la rose», opus 59

Jean-Sébastien Bou (baryton), Anne Queffélec (piano)
Orchestre Pasdeloup, Wolfgang Doerner (direction)


Intitulée «Voyages» et bénéficiant toujours de la participation de Patrice Fontanarosa en tant que conseiller artistique, la saison 2006-2007 de l’Orchestre Pasdeloup ne manque pas d’atouts, avec le retour dans des lieux plus appropriés que Mogador – Salle Pleyel et Théâtre du Châtelet, tout en demeurant fidèle à la Salle Gaveau – pour dix concerts qui, outre la part désormais traditionnelle réservée à Offenbach grâce à l’expertise de Jean-Christophe Keck, aborderont différents répertoires: classique, musique légère (la famille Strauss), comédie musicale (en collaboration avec l’Orchestre national de jazz), cross over (Gilles Apap). Bref, un souci de satisfaire un large public sans brader pour autant la qualité, parfaitement dans l’esprit du fondateur des «concerts populaires»


Pari réussi, en tout cas, que ce retour à Pleyel, puisque pas un fauteuil ne restait libre pour ce programme intitulé «Vienne à travers le temps», où même les quarante-neuf cordes sont disposées «à la viennoise», premiers et seconds violons de part et d’autre du plateau. Il convenait bien entendu de fêter un tel moment, et ce avec… deux Viennois: Wolfgang Doerner, qui, au fil des années, est quasiment devenu de facto le directeur musical de l’Orchestre Pasdeloup, et le compositeur Thomas Daniel Schlee, venu assister à la première française de sa Musique pour une fête (2005), créée au début de l’année sous la direction de Placido Domingo à l’occasion de la réouverture du Theater an der Wien. Cette «ouverture de concert» d’une durée de huit minutes offre ce que l’on est en droit d’attendre de son titre – solennelles fanfares introductives, joyeux ébrouement final – mais l’écriture souvent confuse, oscillant entre le contrepoint dense d’un Hindemith et les accords chargés d’un Messiaen, emporte difficilement la conviction.


Les lois de propagation du son étant ce qu’elles sont, les gradins situés derrière la scène et destinés, le cas échéant, à accueillir le chœur, ne sont certainement pas le meilleur endroit pour apprécier la prestation d’un chanteur. On aura donc à peine pu profiter de la venue de Jean-Sébastien Bou, dans les Chants d’un compagnon errant (1884) de Mahler, mais le baryton français semblait en tout état de cause manquer de coffre et de rondeur. Cela étant, comme il faut faire contre mauvaise fortune bon cœur, l’accompagnement subtil et de haute tenue, au parfum schubertien, dispensé par Doerner procure de grandes consolations.


S’il fut composé pour Prague, Don Giovanni (1787) de Mozart n’en connut pas moins ensuite sa version viennoise. Dans l’ouverture, le chef autrichien confirme non seulement qu’il est un technicien très sûr mais qu’il maîtrise le style mozartien, exercice toujours si périlleux. Quant à l’Orchestre Pasdeloup, malgré de menus accrocs, il passe la rampe d’une acoustique aussi exigeante que celle de Pleyel.


S’il est une «styliste» impeccable, c’est bien aussi Anne Queffélec, dont la formation auprès de Badura-Skoda, Demus et Brendel renvoie également à Vienne. Et c'est au Théâtre an der Wien le 20 décembre 1808, lors d’un fameux concert qui présentait par ailleurs deux nouvelles symphonies (Cinquième, Sixième) et la Fantaisie chorale, que prit place la première du Quatrième concerto pour piano (1806) de Beethoven. Comme le piano, malgré son couvercle orienté vers la salle, parvient à se faire entendre jusqu'aux gradins beaucoup mieux que la voix, on bénéficie, certes sans révélations spectaculaires, d’un dialogue concertant d’une délicatesse convenant à celui qui est sans doute le plus fragile des cinq concertos, ainsi que du jeu de la soliste, léger, clair et bien articulé, infiniment respectueux du texte, au toucher soigneusement mesuré, d’une sagesse qui ne se débride qu’à peine dans le Rondo conclusif.


Pas de Vienne sans les Strauss: ce sera donc ici Richard, avec la Première suite de valses (1944) du Chevalier à la rose, où Doerner, chef d’opéra dans l’âme, s’épanouit pleinement: même s’il a un peu tendance à faire durer le plaisir, il transmet aux musiciens cet art d’allonger de façon imperceptible le deuxième temps, qui est l’essence même de la valse.


Le site de l’Orchestre Pasdeloup



Simon Corley

 

 

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