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Joyeux anniversaire, Maestro! Zurich Opernhaus 09/09/2006 - et les 12, 14, 20, 22, 28* septembre, 4, 8, 11 et 13 octobre 2006
Ermanno Wolf-Ferrari: Il Segreto di Susanna
Giacomo Puccini: Gianni Schicchi
Adriana Marfisi (Susanna), Paolo Rumetz (Conte Gil), Timo Schlüssel (Sante)
Adriana Marfisi (Lauretta), Cornelia Kallisch (Zita), Margaret Chalker (Nella), Stefania Kaluza (La Ciesca), Leo Nucci/Juan Pons/Alberto Rinaldi* (Gianni Schicchi), Fabio Sartori (Rinuccio), Giuseppe Scorsin (Simone), Cheyne Davidson (Marco), Valeriy Murga (Betto di Signa), Peter Keller (Gherardo), Manuel Betancourt (Spinelloccio), Morgan Moody (Amatino di Nicolao), Michael Adair (Pinello), Thilo Dahlmann (Guccio)
Orchestre de l’Opernhaus, Chœur d’enfants de l’Opernhaus, direction musicale: Nello Santi. Mise en scène: Grischa Asagaroff. Décors et costumes: Luigi Perego, lumières: Hans-Rudolf Kunz
L’Opernhaus de Zurich a fêté les 75 ans de Nello Santi en lui confiant la première nouvelle production de la saison 2006-2007. Il faut dire que le maestro est un des piliers de la maison, où il a débuté en 1958. Depuis, il y a dirigé chaque saison plusieurs ouvrages, le plus souvent par cœur, tant il connaît comme personne le répertoire italien. Si ses interprétations n’ont jamais atteint des sommets d’inspiration, force est néanmoins de lui reconnaître un métier solide et un grand professionnalisme, qui le rend très apprécié des chanteurs, avec qui il a toujours pris le temps de préparer méticuleusement chaque rôle.
Pour cet anniversaire, Zurich ne pouvait donc rien refuser à un chef ayant fait preuve d’une telle fidélité. Or le maestro a eu l’immodestie de proposer sa fille, la soprano Adriana Marfisi, pour les rôles principaux féminins des deux ouvrages à l’affiche. On peut le lui pardonner certes, mais on aurait préféré une chanteuse au timbre moins dur, aux aigus moins serrés, au vibrato moins large et à la présence scénique plus affirmée.
Ces dernières années, le public zurichois a eu l’occasion de découvrir plusieurs ouvrages de Wolf-Ferrari, dont Sly, I Quattro Rusteghi et Le Donne curiose. Il segreto di Susanna, créé en 1911, raconte les déboires conjugaux d’une femme fraîchement mariée, dont le secret est… d’apprécier les cigarettes! Rendu méfiant par l’odeur du tabac, son mari la soupçonne de le tromper avec un fumeur. Au bout d’une longue série de quiproquos, il pardonnera à son épouse d’avoir fumé en cachette et cette dernière lui pardonnera sa jalousie, un peu comme dans Les Noces de Figaro. A Zurich, cette scène de ménage en musique se déroule dans un intérieur art déco. Paolo Rumetz, en époux jaloux, ne convainc que partiellement, tant son baryton est monocorde et son intonation problématique. La partition est ponctuée de mélodies, ce qui surprend chez un compositeur du début du XXe siècle. Après une ouverture brillante, Nello Santi en propose une lecture légère et vivante et on ne peut que le remercier d’avoir exhumé cette rareté.
Changement de décor en deuxième partie de soirée pour Gianni Schicchi, où deux parois murales représentent Florence, alors qu’au centre du plateau un paravent en demi-cercle délimite la chambre mortuaire de Buoso Donati. L’intrigue est transposée dans les années 1920; Grischa Asagaroff a su habilement caractériser chaque personnage. Remplaçant au pied levé Juan Pons, malade, Alberto Rinaldi, venu tout exprès de Lausanne où il interprète Geronio du Turc en Italie, se moule dans la mise en scène en grand professionnel et obtient un joli succès personnel dans le rôle-titre. Fabio Sartori en Rinuccio est un ténor à la voix ardente, qui n’a aucune difficulté à s’épanouir dans les aigus. Le reste de la distribution, parfaitement équilibrée, est composé de membres de la troupe de l’Opernhaus. Bien que l’orchestre couvre parfois les chanteurs, la direction de Nello Santi est totalement en phase avec l’ironie cinglante de ce petit bijou lyrique qu’est Gianni Schicchi.
Claudio Poloni
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