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Poppée, Néron, le sexe et le sang

Geneva
Bâtiment des Forces Motrices
09/08/2006 -  et les 11, 13, 15, 17, 19*, 21, 23, 25 et 28 septembre 2006

Claudio Monteverdi:L’Incoronazione di Poppea


Martina Jankova/Whal-Ran Seo* (Fortuna, Drusilla), Amel Brahim-Djelloul/Cristiana Presutti* (Amore, Valetto), Maya Boog (Poppea), Kobie van Rensburg (Nerone), Christophe Dumaux (Ottone), Carlo Lepore (Seneca), Marie-Claude Chappuis (Virtù, Ottavia), Sulie Girardi (Nutrice di Ottavia, Famigliero I), Jean-Paul Fouchécourt (Arnalta), Emiliano Gonzalez Toro (Lucano, Famigliero II), Valérie MacCarthy (Damigella), Luigi de Donato (Mercurio, Lictore, Famigliero III), Hans-Jürg Rickenbacher (Liberto, Soldato I), Bisser Terziyski (Soldato II)


Ensemble baroque du Grand Théâtre de Genève. Direction musicale: Attilio Cremonesi. Mise en scène et décors: Philippe Arlaud, lumières: Philippe Arlaud et Jacques Ayrault, costumes: Andrea Uhmann, chorégraphie: Anne-Marie Gros


L’intrigue sulfureuse et amorale du Couronnement de Poppée n’a rien perdu de son actualité, plus de 300 ans après sa création. C’est sans doute la raison pour laquelle Philippe Arlaud, terminant son cycle monteverdien à Genève, a opté pour une transposition moderne, radicale et crue, qui montre l’empereur Néron en tyran exhibitionniste, sadique et capricieux, prêt à se débarrasser sans scrupules de tous ceux qui pourraient contrecarrer ses plans. Dans un spectacle aux couleurs explicites, où le rouge l’emporte sur le blanc, les jeux du pouvoir sont dictés par le sexe et le sang. Certaines scènes, bien qu’anecdotiques en fin de compte, sont d’un réalisme frappant, avec notamment une masturbation téléphonique et un cunnilingus fort explicite. Sans compter les assassinats, qui se succèdent sans interruption tout au long du spectacle. Malgré ces excès, la mise en scène a le mérite d’être forte et cohérente, en tout cas plus aboutie que les deux précédentes (Orfeo et Le Retour d’Ulysse), qui, en comparaison, paraissent du coup comme inachevées. Et tant pis si la production choque certains spectateurs, qui préfèrent quitter la salle à l’entracte.


Le succès du spectacle est dû aussi à une distribution de haute tenue, remarquable d’homogénéité. Dans la fosse, Attilio Cremonesi propose une lecture de la partition toute en finesse et sensibilité, ne se privant pas ici et là de conférer à la musique des accents swinguants, pour la mettre en harmonie avec la mise en scène. Et on se dit que, décidément, Monteverdi n’a pas pris une seule ride.





Claudio Poloni

 

 

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