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Mozart en bonbonnière

Salzburg
Grand Festpielhaus
07/29/2006 -  et les 4*, 10, 13, 19, 21 & 26 août
Wolfgang Amadeus Mozart : La Flûte enchantée
René Pape (Sarastro), Paul Groves (Tamino), Franz Grundheber (Orateur), Diana Damrau (Reine de la nuit), Genia Kühmeier (Pamina), Christian Gerhaher (Papageno), Burkhard Ulrich (Monostatos), Irena Bespalovaite (Papagena). Chœur des Opéras de Vienne, Orchestre Philharmonique de Vienne, dir. Riccardo Muti. Mise en scène : Pierre Audi. Décors : Karel Appel.

Après Les Noces de Figaro curieusement revisitées par Nikolaus Harnoncourt et Claus Guth, La Flûte enchantée mise en scène par Pierre Audi repose. Rendons grâce d’abord à Peter Ruzicka, qui, fait rarissime, a eu le courage d’ôter de l’affiche, un an après, la calamiteuse production de Graham Vick. Cela dit, cette Flûte, aux yeux de certains, repose trop… La mise en scène, en effet, paraît inexistante, avec une direction d’acteurs réduite au minimum. Les personnages ne sont que des archétypes sommaires, qui ne prennent pas vraiment vie devant nous. Un conte pour enfants et rien d’autre. La dimension égyptienne et maçonnique n’est pas absente, mais ni plus ni moins qu’il ne faut. On se croirait dans un magasin de jouets. Papageno arrive en petite voiture, les trois garcons en petit avion. Monostatos est un vilain Noir, la Reine de la nuit une méchante maman, Sarastro un gentil papa de substitution, Papageno un gai luron tout simple, etc. On n’a d’yeux que pour les décors magnifiques du peintre Karel Appel, récemment disparu, avec ces toiles d’une naïveté à la Chagall, ces fleurs géantes, ces totems primitifs, pour ces couleurs si joliment associées, pour les jeux de lumière aussi, qui contribuent à créer un univers de magie, pour certains costumes enfin – la robe de soirée de la Reine de la nuit, les ensembles tyroliens des trois Dames... La beaute visuelle du spectacle fait oublier l’absence de conception digne de ce nom et on est loin de passer un mauvais moment, tout en se rappelant avec nostalgie le merveilleux spectacle d’Achim Freyer, dernière grande production salzbourgeoise de l’œuvre. Le public, lui, savoure le spectacle : il retrouve sa Flûte et son Mozart.
Riccardo Muti, en effet, a tout pour le rassurer. Autant Harnoncourt bousculait la Philharmonie de Vienne, autant lui la caresse dans le sens du poil, laissant s’épanouir voluptueusement ses timbres, faisant ressortir chaque phrase tout en la fondant dans l’ensemble : après les épices fortes, voici le subtil dosage des saveurs. Dans le Quintette „Hm, Hm, Hm“ du premier acte, dans l’air de Monostatos, on n’en revient pas de tant de raffinement sonore, comme si la musique ne touchait pas terre. Muti lui aussi conçoit La Flûte comme un conte, pas comme un drame métaphysique. Lui reprochera-t-on d’enfermer Mozart dans une bonbonnière ? Elle est si jolie, si pure de lignes, la bonbonnière... Diana Damrau succède à Popp, Moser, Gruberova et Dessay : vraie déesse des ténèbres, aux vocalises à la fois nuancées et virtuoses, au médium charnu. Révélation de la production de l’an dernier, Genia Kühmeier a gagné en rondeur, plus lumineuse encore, avec un „Ach, ich fuhl’s“ très beau. Moins adolescent que Michael Schade, mais tout aussi fin musicien, Paul Groves imprime d’emblée à son Tamino une assez mâle assurance, qui n’exclut pas la souplesse de l’émission, notamment dans un „Wie stark ist nicht“ noblement phrasé. A l’exception du toujours solide Franz Grundheber, les clés de fa enthousiasment moins. Christian Gerhaher manque de voix et d’abattage, Papageno consciencieux mais pâlichon qui nous laisse orphelins de Prey ou de Berry. En petite forme, René Pape fait regretter Talvela ou Moll : Sarastro consciencieux lui aussi, mais un peu terne dans le grave, plus bonasse que tutélaire, manquant surtout de rayonnement. Les solistes des Petits Chanteurs de Vienne, eux, sont toujours un régal.





Didier van Moere

 

 

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