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Un Messie intimiste

Chaise-Dieu
Abbatiale
08/22/2006 -  21 (Tulle), 23 (La Chaise-Dieu) août et 13 septembre (Montreux) 2006
Georg Friedrich Haendel : Le Messie, HWV 56 (version Mozart)

Ana Quintans (soprano), Elisabeth Graf (alto), Christophe Einhorn (ténor), Christian Immler (basse)
Ensemble vocal et instrumental de Lausanne, Michel Corboz (direction)


Le développement de l’usage des téléphones mobiles a conduit la plupart des organisateurs de spectacles à devoir prendre la précaution de faire diffuser des annonces invitant les spectateurs à veiller à ce que leur appareil soit bien éteint avant le début de la représentation. Si le problème ne semble pas se poser de façon aussi aiguë à La Chaise-Dieu, faudra-t-il toutefois que le festival recoure à des méthodes similaires afin d’obtenir ce qui devrait pourtant aller de soi, à savoir le silence durant les quelques minutes traditionnellement confiées à l’orgue en ouverture des concerts donnés à l’abbatiale? Car le brouhaha qui vient perturber ces préludes, peut-être au prétexte que l’organiste n’est pas visible, est totalement injustifiable, tant à l’égard de l’artiste que pour le reste du public.


En l’espèce, Paul Goussot interprétait le début du Deuxième des concertos de l’opus 4 (1736) de Haendel, introduction on ne peut plus naturelle à son Messie (1741). Mais comme Mozart est partout chez lui cette année, c’est son arrangement de l’oratorio, effectué en 1789 et dûment répertorié par Köchel sous le numéro 572, qui était ici proposé. Si, à la différence de Haydn, il n’a pas honoré le genre, Mozart, comme Beethoven après lui, n’en admirait pas moins Haendel et, sur une traduction en allemand due à van Swieten, il s’attacha donc à adapter cette musique qui, quarante-sept ans après sa création, ne correspondait plus tout à fait au goût du jour, en réduisant le format (moins de deux heures) tout en modifiant et en enrichissant l’instrumentation et l’harmonie.


Après Bâle la veille (voir ici), la Suisse était à nouveau à l’honneur, puisque c’est Michel Corboz qui offrait à deux reprises, en soirée puis en matinée, cette version inhabituelle du Messie. Même si l’oreille peut difficilement ne pas sursauter lorsqu’elle entend des clarinettes, ce Haendel revu par Mozart ne sonne pas comme du Haydn, mais évoque curieusement plutôt Bach, par la fluidité du discours, la décantation de l’expression et la sérénité que lui impriment les musiciens lausannois. De la belle ouvrage, équilibrée et sans aspérités, refusant le monumental aussi bien que l’excentrique ou même simplement l’exubérance baroque, un parti pris défendu sur instruments modernes (à l’exception des cuivres et timbales) et avec une articulation éloignée de l’orthodoxie des «baroqueux», de façon d’autant plus défendable s’agissant d'une partition ainsi arrangée à l’époque classique.


Ce sentiment intimiste et recueilli tient en outre à la modestie de l’effectif (quatorze cordes et vingt-neuf choristes) ainsi qu’à l’homogénéité et à la transparence exceptionnelles de l’Ensemble vocal de Lausanne. Quarante-cinq ans après la fondation de ce chœur, Corboz a visiblement conservé une passion intacte pour ses chanteurs, qu’il encourage à chaque instant du geste et de l’œil et qu’il n’hésite pas à mettre en valeur en confiant un rôle substantiel à deux excellentes solistes que le programme relègue hélas dans un anonymat immérité.


Au sein d’un quatuor remarquable tant par sa justesse que par sa diction et son souci de faire vivre le texte, Ana Quintans, précise sur l’ensemble de son registre et opportunément parcimonieuse en vibrato, ainsi que Christian Immler, à la sonorité claire et aux phrasés soignés, même s’il manque un peu de projection (air «Warum entbrennen die Heiden»), paraissent stylistiquement plus à l’aise. En revanche, Elisabeth Graf, puissante mais affectée par un timbre inégal, en retrait dans son grand air da capo «Er ward verschmähet», et Christophe Einhorn, comme tendu et essoufflé, peinant parfois dans ses aigus, se révèlent moins convaincants.


Le site de l’Ensemble vocal et instrumental de Lausanne



Simon Corley

 

 

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