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Un Ascanio in Alba décevant

Salzburg
Landestheater
08/03/2006 -  et le 5* août 2006

Wolfgang Amadeus Mozart: Ascanio in Alba


Iris Kupke (Venere), Sonia Prina (Ascanio), Marie-Belle Sandis (Silvia), Charles Reid (Aceste), Diana Damrau (Fauno), Christian Banzhaf et Katharina Vötter (récitants)


Chœur du Théâtre National de Mannheim (préparation: William Spaulding), Orchestre du Théâtre National de Mannheim, direction musicale: Adam Fischer. Mise en scène: David Hermann, décors et costumes: Christof Hetzer, lumières: Andreas Rehfeld, dramaturgie: Dorothea Hartmann


Production du Théâtre National de Mannheim



250e anniversaire de la naissance de Mozart oblige, nul n’ignore plus désormais que le festival de Salzbourg présente cet été, jusqu’au 31 août, l’intégralité des opéras du compositeur, soit rien moins que 22 œuvres au total. Pour le public, l’occasion est unique de sortir des sentiers battus que sont Cosi fan tutte, La Flûte Enchantée ou encore Don Giovanni et de découvrir des pièces de jeunesse, si rarement jouées. Pour la direction du festival, l’entreprise est ambitieuse, sur le plan à la fois technique et artistique, et passe immanquablement par un grand nombre de reprises (l’édition 2006 ne compte qu’une seule nouvelle production, Les Noces de Figaro) ainsi que des coproductions. Or certaines collaborations, à l’instar d’Ascanio in Alba, ont été conclues avec des théâtres de province, dont les productions ne sont pas forcément dignes de Salzbourg ou, du moins, dont les prix ne valent en tout cas pas ceux pratiqués par le plus huppé des festivals d’été, sans compter que ce dernier y perd un peu de son caractère exclusif. Alors, faut-il faire la fine bouche ou au contraire se réjouir de cette abondance de spectacles, en fermant un œil sur la qualité? Le débat est lancé!


Cette production d’Ascanio in Alba vient de Mannheim, une ville qui peut se targuer de liens étroits avec Mozart. Lequel y a séjourné cinq mois entre 1777 et 1778 puis dirigé lui-même, un an avant sa mort, ses Noces. Ascanio in Alba a été composé en 1771, alors que Mozart n’avait que 15 ans. Il s’agit d’un opera seria commandé par l’impératrice Marie-Thérèse pour le mariage de son fils. La première et les trois représentations qui suivirent immédiatement furent un immense succès, contribuant largement à bâtir la flatteuse réputation du jeune prodige. Curieusement cependant, on ne trouve par la suite plus aucune trace de productions de l’œuvre avant 1958.


Le spectacle monté pour deux représentations seulement à Salzbourg est emblématique du «théâtre de régie» à l’allemande, où le metteur en scène se croit obligé de faire passer un nombre aussi élevé que possible d’idées incongrues, sans lien aucun avec l’œuvre. David Hermann n’a que 28 ans, mais sa jeunesse ne doit pas être une excuse. Au mieux, son spectacle peut être considéré comme une suite de trouvailles gratuites, où l’on voit les choristes affublés de costumes dignes d’un film de science-fiction et les solistes encombrés d’objets aussi hétéroclites qu’une brouette, une balançoire, un conteneur, des matelas en mousse ou encore des pots de fleurs. Deux acteurs, très bons au demeurant, sont chargés de déclamer, en allemand, les récitatifs et de résumer les arias, quand ils n’ont pas carrément pour tâche de faire des commentaires (du genre: «mais chante-le ton air, ça va te calmer!) à l’adresse des solistes. A l’entracte, les spectateurs reçoivent des lunettes pour admirer la deuxième partie du spectacle en trois dimensions… Dans ces conditions, il va sans dire que le metteur en scène a été copieusement sifflé le soir de la première.


L’intrigue d’Ascanio in Alba n’est pas sans rappeler celle de La Flûte Enchantée, en raison notamment du thème de l’amour initiatique et des deux apparitions aux pyrotechnies vocales du faune. Un faune interprété avec brio par Diana Damrau, qui justement chante aussi La Reine de la Nuit à Salzbourg. Même s’ils n’atteignent pas son niveau, les autres chanteurs, tous très jeunes, s’en tirent fort honorablement, mis à part Charles Reid en Aceste complètement détimbré. Dans la fosse, Adam Fischer, qui a délaissé pour quelques jours Bayreuth, essaie de transmettre son enthousiasme pour l’œuvre aux instrumentistes de l’Orchestre du Théâtre National de Mannheim, sans réussir cependant à éviter les lourdeurs et une certaine uniformité. Au final donc, un Ascanio in Alba plutôt décevant, même si on ressort du spectacle ravi d’avoir découvert une œuvre de jeunesse quasiment inconnue d’un compositeur qu’on croit archiconnu.





Claudio Poloni

 

 

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