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Une journée d’une folle lenteur

Salzburg
Haus for Mozart
08/06/2006 -  
Wolgang Amadeus Mozart: Le nozze di Figaro, K. 492
Dorothea Röschmann (la Comtesse), Anna Netrebko (Susanna), Ildebrando D’Archangelo (Figaro), Bo Skovhus (le Compte), Christina Schäfer (Cherubino), Marie McLaughlin (Marcellina), Franz-Josef Selig (Bartolo), Eva Liebau (Barbarina), Florian Boesch (Antonio), Patrick Henckens (Basilio), Olivier Ringelham (Don Curzio), Claus Guth (Mise en scène), Chœur de l’Opéra de Vienne, Orchestre Philharmonique de Vienne, Nikolaus Harnoncourt (Direction)

Dès l’Ouverture, le ton est donné. Ce sera un Figaro lent, très lent. Si les tempi choisis par Nikolaus Harnoncourt sont moins caricaturaux que ceux que le chef autrichien avait adoptés pour son Don Giovanni salzbourgeois d’il y a trois ans, ils restent, à quelques rares exceptions, exagérément lents. Les ensembles et les finales qui demandent énergie et vitalité sont bien plats. Les pauvres chanteurs se retrouvent souvent à court de souffle et coupent souvent la ligne musicale pour reprendre leur respiration. Voici un Figaro qui, avec les deux airs de Marcelline et de Basilio du quatrième acte, dure un peu moins de quatre heures, un record dont Mozart se serait bien passé.


C’est dommage car le plateau réuni est superbe à commencer par un duo de chanteuses extraordinaire en la personne de la Comtesse de Dorothea Röschmann et de la Susanna d’Anna Netrebko. Deux voies d’une superbe couleur, à la fois musicales et dramatiques mais surtout très équilibrées l’une par rapport à l’autre. Le duo de la lettre, le Dove Sono et l’air de Susanna du quatrième acte sont les sommets de cette soirée. Sauf erreur, Paris attend toujours que ces deux artistes s’y produisent. Très belles prestations du Cherubino de Christine Schäfer, même s’il est permis de préférer une mezzo dans ce rôle, ainsi que le Figaro plein de vitalité d’Ildebrando D’Arcangelo, même s’il s’accommode mal des tempi d’Harnoncourt et se retrouve souvent en avance sur l’orchestre. Le temps semble commencer à avoir son impact sur le Comte de Bo Skovhus. Sa présence scénique est toujours là mais le timbre trahit un léger vibrato. A nouveau, les tempi n’aident pas quoique Harnoncourt soit assez éloquent dans les imprécations du Comte. Saluons enfin la Marcelline de Marie McLaughlin, elle qui fut en son temps une inoubliable Susanna.


Il y a de bonnes idées dans la conception de Claus Guth. Une vision sombre avec des décors et des costumes début XXe noirs, gris et blancs. Une direction d’acteurs assez fouillée qui offre de belles caractérisations et un bon équilibre entre sérieux et humour. Il pèche cependant par excès d’intentions. L’action est trop souvent alourdie par un Chérubin muet qui vient jouer un bien inutile deus ex machina. Il y aurait du potentiel pour un grand Figaro si Guth acceptait de faire plus confiance et à Beaumarchais et à Mozart. Espérons que ce spectacle qui mérite d’être repris soit allégé et simplifié.


Cette production était donnée dans l’ancienne petite salle du festival, rebaptisée, « Haus für Mozart », littéralement une salle pour Mozart. La capacité de la salle est dans son ensemble inchangée mais la fosse est moins enfoncée que par avant. L’orchestre sonne avec une clarté nouvelle et les chanteurs bénéficient d’une salle de taille idéale pour ce type d’œuvre. Ce sera probablement une des principales contributions que l’histoire retiendra de l’ère de Peter Ruzicka dont c’est la dernière année en tant que directeur du festival. S’il peut faire valoir à son actif une Traviata désormais légendaire ainsi que d’avoir redonné sa place à des compositeurs comme Erich Korngold ou Hans-Werner Henze, ses contributions mozartiennes restent hélas décevantes. Jürgen Flimm, son successeur, doit avoir conscience de l’importance de redonner à Salzbourg son blason. Rien ne filtre de ses plans qu’il annoncera à la fin du festival. Attendons...



Antoine Leboyer

 

 

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