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Soirées d’adieu Paris Théâtre du Châtelet 06/26/2006 - et 29 juin 2006 Ludwig van Beethoven : Fidelio Karita Mattila (Leonore), Ben Heppner (Florestan), Matti Salminen (Rocco), Juha Uusitalo (Don Pizarro), Henriette Bonde-Hansen (Marzelline), Pavol Breslik (Jaquino), François Lis (Don Fernando), Patrick Foucher (Premier Prisonnier), Vincent Menez (Deuxième Prisonnier)
Orchestre Philharmonique de Radio France, Myung-Whun Chung (direction)
Voilà c’est terminé, Jean-Pierre Brossmann s’en va, il quitte la direction du Théâtre du Châtelet, et même la carrière musicale puisqu’il va partir sous le soleil du Maroc, comme il l’a confié à Diapason de ce mois. Une retraite amplement méritée bien sûr, même si ses compétences et son expérience auraient pu être encore utiles à notre vie musicale (a-t-on seulement pensé à lui proposer quelque chose ?). Il restera de grands souvenirs (Trois sœurs, Orphée et Eurydice, Arabella, La Belle Hélène, Les Troyens, ...), et heureusement des DVD, lui qui fut un précurseur de l’enregistrement vidéographique. On retiendra aussi le talent d’un homme capable d’allier l’exigence artistique et la création avec le respect et le soutien du public, un équilibre précaire, il suffit de voir comment, à l’Opéra de Paris, Gérard Mortier est en train de perdre sur les deux tableaux pour se rendre compte de la difficulté de l’exercice.
Derniers feux donc (il y aura encore Jessye Norman et Marc Minkowski les 27 et 30 juin) avec ce splendide Fidelio en version de concert (redonné, et diffusé en direct sur France musique, le 29) qui réunit un plateau de rêve autour d’un trio vocal exceptionnel : Karita Mattila, impressionnante Leonore, Ben Heppner, Florestan poignant, Matti Salminen, Rocco touchant et profond. Les autres titulaires, tous très bons, sont des noms qui émergent sur la scène internationale : Juha Uusitalo (Don Pizarro), Henriette Bonde-Hansen (Marzelline), Pavol Breslik (Jaquino), et la jeune basse française très prometteuse François Lis (Don Fernando). Myung-Whun Chung imprime son style : un son clair, compact, rond et jamais pesant, ce qui peut sembler un peu en décalage dans Beethoven qui réclame quand même un certain «poids», mais sa lecture se révèle très intéressante, d’autant qu’il assure une véritable cohérence musicale à l’ensemble, aux solistes comme aux chœurs, très incisifs mais jamais écrasants. Une superbe soirée lyrique qui aura reçu une ovation debout du public. On risque de regretter Jean-Pierre Brossmann !
Philippe Herlin
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