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Anniversaires viennois

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
06/14/2006 -  et 12 (Amsterdam) et 13 (London) juin 2006
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie n° 32, K. 318 – Concerto pour flûte n° 1, K. 285c [313]
Dimitri Chostakovitch : Symphonie n° 10, opus 93

Wolfgang Schulz (flûte)
Orchestre philharmonique de Vienne, Bernard Haitink (direction)


Pour la première des deux escales qu’elle a effectuées cette saison au Théâtre des Champs-Elysées, la Philharmonie de Vienne s’était présentée en compagnie de Georges Prêtre avec une réussite toute relative (voir ici). Contraste total de style pour cette seconde visite, dédiée aux deux principaux anniversaires célébrés en cette année 2006, puisque c’est Bernard Haitink qui, comme au printemps 2004 (voir ici), a dirigé la phalange viennoise, compensant ainsi la frustration du public parisien, privé cette année de la rencontre annuelle du chef néerlandais avec l’Orchestre national de France, toujours très attendue (voir ici et ici).


Le concert ayant exceptionnellement débuté presque à l’heure, sans doute en raison de sa diffusion en direct sur France Musique, les retardataires ont raté une fort intéressante Trente-deuxième symphonie (1779): Haitink impose à l’orchestre un Mozart assez peu conforme à une certaine tradition «viennoise», fin et très articulé, aux attaques nettes et sèches que ne renieraient pas les meilleurs «baroqueux», rendant justice par son sens dramatique à cette symphonie dont le caractère enlevé et la structure tripartite sont ceux d’une ouverture d’opéra.


En donnant le même programme dans la capitale autrichienne la semaine précédente, la Philharmonie avait invité Alfred Brendel à jouer le Vingt-septième concerto pour piano, mais, pour cette brève tournée qui l’a préalablement menée à Amsterdam et à Londres, elle a préféré mettre en vedette l’un de ses musiciens, Wolfgang Schulz, dans le Premier concerto pour flûte (1778). Difficile de ne pas avoir à l’esprit Magali Mosnier, également chef de pupitre au sein de son orchestre, qui donnait l’œuvre quelques semaines plus tôt sur la même scène (voir ici): si sa technique est légèrement moins infaillible, Schulz, partition sous les yeux, fait valoir une sonorité moins éclatante, plus suave et veloutée, avec des graves magnifiquement timbrés, et, surtout, une palette expressive plus étendue, contrastant avec l’accompagnement précis, moins en rondeur, dispensé par Haitink.


De façon assez inhabituelle, le flûtiste reprend sa place parmi ses collègues pour la seconde partie. Tempora mutantur: non seulement la représentation féminine progresse lentement mais sûrement chez les Viennois – six musiciennes parmi les violons et les altos, certes pas (encore) dans les premiers rangs – mais ils se déplacent à l’étranger avec une symphonie de Chostakovitch, alors qu’on ne les pressent pas nécessairement familiers de la noirceur, de l’ironie et des abîmes slaves. Certains spectateurs ont d’ailleurs également dû en douter, l’affluence, certes remarquable, n’ayant pas tout à fait été aussi importante qu’à l’accoutumée pour ce type d’événement. Avec le compositeur russe, dont il a gravé une intégrale pour Decca, Haitink se retrouve en revanche dans son répertoire d’élection. Le résultat, dans la Dixième symphonie (1953), est bien celui de l’association entre une formation qui n’abdique rien de sa couleur (à l’image de ces cuivres brucknériens) et de sa transparence, à la virtuosité et à la cohésion éblouissantes (deuxième mouvement), malgré des soli parfois incertains (piccolo, cor anglais, cor), et un chef plus implacable et cinglant que grinçant ou rugueux, délivrant une lecture sans excès ni esbroufe, d’une grande clarté, servie par des phrasés admirablement tendus. Rien de mahlérien ici, malgré les immenses affinités qu’entretient Haitink avec cet univers, mais un hommage au statut de grand classique que cette symphonie a si rapidement acquis.


Le Théâtre des Champs-Elysées accueillera à plusieurs reprises la saison prochaine les protagonistes de cette soirée: Bernard Haitink reprendra sa collaboration avec l’Orchestre national d’abord pour un concert 100% Chostakovitch le 14 décembre, puis pour cinq représentations de Pelléas et Mélisande de Debussy dans une mise en scène d’André Engel du 14 au 22 juin; la Philharmonie de Vienne reviendra quant à elle le 29 novembre avec Paavo Järvi (dans Mozart, Haydn et Schubert), puis le 17 mars avec Christian Thielemann (dans la Huitième de Bruckner).



Simon Corley

 

 

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