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L'évidence inspirée

Paris
Théâtre Mogador
05/31/2006 -  et le 1er juin* 2006
Mozart : Concerto pour piano n°20
Tchaikovski : Suite n°3 "Mozartiana", Symphonie n°5

Orchestre de Paris, Osmo Vänskä (direction), Radu Lupu (piano)

Radu Lupu a la grâce. Pas la fausse grâce de la sophistication, celle de l’évidence inspirée. Le Vingtième Concerto de Mozart, avec lui, va de soi, simple mais ému, tendu mais concentré. Le jeu est très intériorisé, jusque dans les éclats du finale, pourtant pris très vite. Le pianiste roumain, en effet, prend des risques, qu’il assume en musicien plutôt qu’en virtuose. Et il se tourne sans cesse vers l’orchestre, qu’il dirige aussi, toujours attentif au dialogue avec les instruments, aux combinaisons de timbres, moins concertiste que chambriste. Ce n’est pas qu’il double le chef : Osmo Vänskä est là qui veille, particulièrement scrupuleux dans les nuances – les premières mesures sont vraiment jouées piano, très soucieux de la clarté des lignes, rebelle à tout effet inutile comme son soliste. Donnée en bis, la Fantaisie en ré mineur, magnifique, nous emmène ailleurs, au-delà des notes. Depuis le début du Concerto, un nom vient à l’esprit : celui de Dinu Lipatti.
Le programme est intelligemment composé : Mozart voisine avec Tchaikovski, qui l’aimait tant. La Suite Mozartiana s’imposait d’elle-même : après un début très incertain, le chef finlandais, connu des discophiles pour sa belle intégrale des Symphonies de Sibelius chez Bis, trouve rapidement ses marques. Sa direction analytique, acérée, évite l’écueil des hommages trop sirupeux, notamment dans la transcription de l’Ave verum, très en verve dans les Variations finales – où Roland Daugareil et Pascal Moraguès, promus un moment solistes, sont superbes. Autant de qualités qui permettent à la Cinquième Symphonie de s’affranchir de certaines mauvaises habitudes dont elle pâtit parfois : rien ici de boursouflé dans l’émotion ou dans la sonorité. L’œuvre gagne ainsi en puissance, en âpreté aussi, avec une valse sans viennoiseries et un finale apocalyptique, tout sauf pompier, où rien ne résiste à la marche du fatum. C’est toute une tradition d’interprétation qu’Osmo Vänskä bouscule, dans cette implacable mise à nu des lignes et des plans sonores, qui permet à un Orchestre de Paris visiblement galvanisé de donner, pour son dernier concert à Mogador, le meilleur de lui-même.



Didier van Moere

 

 

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