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Soirée franco-hongroise

Paris
Théâtre du Châtelet
05/22/2006 -  
György Ligeti : Lontano
Peter Eötvös : CAP-KO (création française)
Gilbert Amy : Le Premier cercle, Suite (création)

Pierre-Laurent Aimard (piano), Salomé Haller (soprano), Karine Deshayes (mezzo), Laurent Alvaro (baryton-basse), Alain Vernhes (basse)
Chœur de Radio France, Michel Tranchant (chef de chœur), Orchestre philharmonique de Radio France, Peter Eötvös (direction)


Maigre affluence, regroupée au parterre et à la corbeille du Châtelet, pour ce programme franco-hongrois, tant par ses compositeurs que par ses interprètes. On pourra toutefois se consoler en se disant que la qualité des présents, à commencer par Henri Dutilleux, aura suppléé à la masse des absents et que la prochaine retransmission de ce concert sur France Musique permettra de lui donner un tout autre retentissement.


Il est en tout cas à souhaiter que la prise de son soit à la hauteur de ce que le public a pu entendre dans Lontano (1967) de Ligeti: Peter Eötvös en donne une vision sensuelle et frémissante, d’une intense poésie, tour à tour mélodieuse et déchirante. Dix minutes de pur bonheur.


Le compositeur hongrois dirigeait ensuite la première française de son CAP-KO (2005) – un acronyme pour «Concerto for Acoustical Piano, Keyboard and Orchestra» – commande conjointe de Musica viva (Munich) et de quatre orchestres (Suisse romande, Concertgebouw d’Amsterdam, Philharmonique de Radio France et Göteborg), créé à Munich le 26 janvier dernier. Depuis lors, Pierre-Laurent Aimard l’a déjà interprété à de multiples reprises et semble déjà en surmonter toutes les exigences digitales, passant à vive allure d’un traditionnel Steinway à un quart de queue numérique Roland placés à angle droit sur le devant de la scène. On pourra distinguer, dans ces vingt minutes jouées d’une traite, une forme concertante obéissant aux trois mouvements traditionnels, encore que ceux-ci soient de plus en plus brefs. Davantage que des réminiscences rythmiques ou mélodiques de Bartok, à la mémoire duquel l’œuvre est dédiée, le caractère le plus souvent hyperactif et bouillonnant du propos, associé à la sonorité métallique du clavier électronique, évoque les techniques et les sonorités de Ligeti ou Nancarrow. Excessivement riche et touffu, l’accompagnement, qui met en vedette un célesta et un synthétiseur confiés à au même exécutant, semble victime d’une trop grande ambition.


Au cours des dix dernières années, Eötvös s’est illustré dans le domaine lyrique (Trois sœurs, Le Balcon, Angels in America), mais il assurait ici la création de la suite que Gilbert Amy a extraite de son opéra Le Premier cercle (1999), conçu pour l’Opéra de Lyon d’après le roman éponyme (1958) de Soljenitsyne, qui a pour cadre le bagne soviétique (voir ici). Le compositeur français, qui fêtera ses soixante-dix ans le 29 août prochain, retrouvait pour l’occasion l’Orchestre philharmonique de Radio France, dont il fut, de 1976 à 1981, le premier directeur artistique.


La réduction à quatre chanteurs, chœur d’hommes et orchestre et à moins de quarante-cinq minutes d’un seul tenant les seize rôles et les deux heures d’un opéra en quatre actes et un prologue constitue une gageure. Une telle formule suscite nécessairement une grande part de frustration musicale et évidemment scénique, même si cette version de concert condensée permet d’espérer une diffusion plus facile de l’immense investissement que représente la mise sur pied d’un spectacle lyrique. Cela étant, pour la majorité des auditeurs, probablement peu familiers de l’opéra, malgré sa parution en disque (voir ici), et privés, aucun programme n’ayant été distribué, de toute orientation sur le livret ou la partition, l’exercice se sera sans doute également avéré délicat, quels que fussent les efforts de diction accomplis par les solistes.


Avec le temps, Amy s’est éloigné de Webern et s’est rapproché de Berg: la démarche qu’il adopte vis-à-vis de son propre opéra évoque d’ailleurs la Lulu-Symphonie et il lui confère en outre le titre de «suite lyrique». L’écriture vocale, depuis le parlé jusqu’aux intervalles distendus en passant par l’incantation et la prosodie à la manière de Pelléas, ainsi que le raffinement de l’orchestration concourent à une mise en valeur sans doute assez prévisible mais non moins expressive et efficace de l’action. Karine Deshayes et Alain Vernhes avaient participé à la création lyonnaise voici près de sept ans; avec Salomé Haller et Laurent Alvaro, ils défendent leur partie de façon convaincante à défaut d’être toujours techniquement impeccable.


Le site de Peter Eötvös



Simon Corley

 

 

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