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Forte personnalité

Paris
Théâtre de la Ville
05/20/2006 -  et 13 (Reading), 14 (London), 15 (Copenhagen), 17 (Pulheim), 18 (Echternach), 21 (Kempen), 22 (Rheda-Wiedenbrück) et 23 (Berlin) mai 2006
Franz Schubert : Sonatine pour violon et piano n° 1, D. 384
Serge Prokofiev : Sonate pour violon et piano n° 1, opus 80
Arnold Schönberg : Fantaisie, opus 47
Ludwig van Beethoven : Sonate pour violon et piano n° 7, opus 30 n° 2

Midori (violon), Robert McDonald (piano)


Pour le dernier concert de sa saison, le Théâtre de la Ville accueillait la sixième des neuf étapes de la tournée européenne de Midori, qui, comme le pianiste Solomon en son temps, a acquis la notoriété par son seul prénom: bien qu’étant dans sa trente-cinquième année seulement, la violoniste japonaise a d’ores et déjà à son actif plus de vingt ans de carrière, toutefois interrompue voici une décennie environ par une éclipse à l’issue de laquelle elle a entrepris parallèlement des études de psychologie. Dans un programme soigneusement construit, elle a choisi d’associer quatre œuvres, deux du début du XIXe siècle encadrant deux des années 1940, présentées ainsi non pas dans l’ordre chronologique, mais entremêlées au fil de son récital. Deux d’entre elles avaient été données trois jours plus tôt par Maxim Vengerov à Gaveau: coïncidence ou signe de la pauvreté du répertoire des grands musiciens de notre temps?


La violoniste japonaise n’est pas de celles qui recherchent à tout prix le beau son et encore moins une neutralité lisse ou prudente, ce dont témoignent par exemple des attaques parfois aigres, et il existe certainement des techniques plus infaillibles que la sienne; mais son style n’est pas stéréotypé, toujours sur le qui-vive, marqué par un fort investissement personnel: une sorte de Martha Argerich du violon, avec son charisme et ses coups de griffe, mis en valeur par l’accompagnement de Robert McDonald, dont le moins que l’on puisse dire est qu’il ne songe jamais à lui voler la vedette.


La Première sonatine (1816) de Schubert prend ainsi un tour inhabituellement romantique et habité, coloré et nuancé: loin du pastiche mozartien bien léché réservé aux apprentis violonistes, Midori va chercher, sous le vernis classique, l’expression et les ruptures. Son jeu se déploie évidemment bien davantage dans la Première sonate (1946) de Prokofiev: l’archet gagne en rugosité et en puissance, au profit d’un onirisme tenant davantage du cauchemar que du rêve, vision hallucinée depuis la première jusqu’à la dernière mesure.


Après l’entracte, le rapprochement de ce Prokofiev anguleux, inquiet (ou bien inquiétant), tout de contrastes et de noirceur, qui semble déjà parfois annoncer Schnittke, avec la Fantaisie (1949) de Schönberg n’est donc pas seulement dicté par une même époque de composition ou par une certaine liberté formelle, d’autant que Midori en donne une lecture vivante et conflictuelle, s’y abandonnant à de grands gestes expressifs et virtuoses.


Âpre et mordante, hargneuse et cinglante, elle fait de la Septième sonate (1802) de Beethoven un digne pendant de la Sonate «La Tempête», exactement contemporaine, montrant enfin avec un bisSea-shell (1911), une mélodie de Carl Engel (1883-1944) arrangée par Efrem Zimbalist, redoutable par ses aigus et harmoniques – son aisance dans la délicatesse et la finesse des pièces de genre.


Le site de Midori



Simon Corley

 

 

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