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Deux Stabat en miroir

Strasbourg
Eglise Saint-Guillaume
04/08/2006 -  
Alessandro Scarlatti : Stabat Mater
Giovanni Battista Pergolesi : Stabat Mater

Adriana Fernandez (soprano), Guillemette Laurens (mezzo-soprano), Le Parlement de Musique, Martin Gester (orgue et direction)


Opportun programme d’avant-Pâques que ce rapprochement de deux Stabat Mater baroques d’écriture et d’ambiance très différentes, donnés dans le cadre inattendu d’une église luthérienne où les fastes italiens d’une écriture quasi-opératique prennent des allures d’objet surréaliste. En tout cas on ne peut que saluer ici le travail de fond qu’entreprend le Parlement de Musique à Strasbourg, à la fois dans la fidélisation d’un public stable et l’approfondissement d’une esthétique qui sait tirer le meilleur des pratiques d’interprétation baroque actuelles en laissant de côté les tics et les spéculations hasardeuses.


Le rare Stabat Mater d’Alessandro Scarlatti a été écrit pour la même confrérie napolitaine qui commandera une dizaine d’années plus tard à Pergolèse son œuvre ultime. Entre les deux œuvres s’est produit un tournant esthétique évident, vers une écriture d’une religiosité plus sereine, où la déploration se fait davantage décorative et concertante, voire hédoniste. La comparaison des deux partitions, données ici dans l’ordre chronologique, se trouve malheureusement biaisée, l’effectif orchestral plus nourri choisi par Martin Gester pour Pergolèse contribuant au relatif écrasement du Stabat Mater de Scarlatti, donné simplement avec deux violons, un violoncelle et un théorbe. Cela dit, prise isolément, l’œuvre d’Alessandro Scarlatti se révèle fascinante du fait même de ce relatif dénuement, d’un dramatisme intériorisé déstabilisant constamment l’écoute par ses lignes sinueuses, qui se souviennent encore de l’imprévisibilité extravagante des Madrigaux de Gesualdo. Ici davantage que dans Pergolèse tout reposera sur les deux chanteuses, leur expressivité, leur science de la couleur et de la complémentarité des timbres, un exercice où Adriana Fernandez et plus encore Guillemette Laurens excellent. Les voix semblent parfois trop volumineuses par rapport à l’effectif instrumental, surtout celle de la soprano, mais grâce à elles ce Stabat Mater à découvrir retient constamment l’attention, même si une seconde écoute serait sans doute utile pour mieux en goûter toutes les subtilités.


Dans Pergolèse un ensemble de cordes plus étoffé et l’approche avenante de Martin Gester, qui prend plaisir à animer les mouvements rapides depuis l’orgue avec une belle sensation d’évidence rythmique, concluent brillamment la soirée. Les solistes, mieux intégrées dans un approche plus fusionnelle avec l’orchestre, parcourent le même texte avec davantage de facilité (l’écriture vocale est plus brillante mais aussi beaucoup plus stable harmoniquement), et font valoir à nouveau la complémentarité de leurs moyens, a priori très différents. Une fort belle soirée, dont l’absence d’apprêt et de maniérismes semble couler de source.




Laurent Barthel

 

 

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