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La Favorite ou La Favorita?

Zurich
Opernhaus
03/19/2006 -  et les 21, 23, 25, 29*, 31 mars, 2 et 5 avril 2006

Gaetano Donizetti: La Favorite


Vesselina Kasarova (Léonor de Guzman), Jaël Azzaretti (Inez), Fabio Sartori*/Gregory Kunde (Fernand), Roberto Servile (Alphonse), Carlo Colombara (Balthazar), Eric Huchet (Don Gaspar)


Chœur de l’Opéra de Zurich, chœur supplémentaire et chœur des jeunes de l’Opéra de Zurich (direction: Jürg Hämmerli), Orchestre de l’Opéra de Zurich, direction musicale: Marc Minkowski. Mise en scène: Philippe Sireuil, décors: Vincent Lemaire, costumes: Jorge Jara, lumières: Hans-Rudolf Kunz, chorégraphie: Avi Kaiser


Après Vienne et Gênes, c’est au tour de l’Opernhaus de Zurich d’exhumer La Favorite, une œuvre de la période française de Donizetti (1840), laquelle a eu le mérite de se maintenir au répertoire de l’Opéra de Paris jusqu’en 1918. L’intérêt de cette production réside essentiellement, pour ne pas dire exclusivement, dans la présence de Marc Minkowski dans la fosse et dans celle de Vesselina Kasarova dans le rôle-titre. Le chef français aborde pour la première fois une partition belcantiste, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a su communiquer son enthousiasme aux musiciens. L’orchestre en effet déploie une riche palette de couleurs et de nuances et fait preuve d’une précision époustouflante, notamment dans les prologues et les scènes de ballet. Rarement la formation zurichoise aura atteint de tels sommets. Il ne reste plus qu'à espérer que la collaboration se poursuivra avec Marc Minkowski, qui, dans un souci permanent des détails et des finesses stylistiques, a restitué avec brio le feu et la flamme d'un Donizetti s'essayant au Grand Opéra.


Avec sa prise de rôle, Vesselina Kasarova ajoute un nouveau succès, largement mérité, dans une carrière déjà fort bien remplie. On savait de la mezzo bulgare qu’elle disposait d’un timbre soyeux et de graves capiteux, mais ce qui frappe ici, ce sont surtout l'émotion et l'intensité dégagées, la cantatrice étant la seule sur scène à habiter son personnage et à s'investir totalement dans le rôle. Pour le reste, si on retient de Fabio Sartori un timbre vaillant et élégant, malgré des aigus forcés, et de Carlo Colombara une voix à la projection particulièrement sonore, on ne peut que rester perplexe face à une telle distribution, en totale inadéquation stylistique - à commencer par un Roberto Servile hors de propos dans ce répertoire - et à la diction parfaitement incompréhensible. N’aurait-il pas mieux valu, dans ces conditions, présenter non pas La Favorite mais La Favorita?


La mise en scène est une autre énigme. Dans un décor (Vincent Lemaire) unique, sombre, en forme de demi-cercle couvert de miroirs, dans lequel dominent le rouge et le noir, les interprètes sont la plupart du temps immobiles sur le plateau, comme si le metteur en scène s’était contenté de leur indiquer la place à occuper. D’ailleurs, dans le programme, Philippe Sireuil ne cache pas sa perplexité devant la partition, sorte de patchwork composé sur la base de trois opéras précédents, d’après trois librettistes différents (Adelaïde, L’Ange de Nisida et Le Duc d’Albe). La seule idée qu’il ait trouvée est d'avoir imaginé que l’intrigue est rêvée par Fernand... N’étant pas convaincu lui-même, rien d’étonnant qu’il peine à convaincre les spectateurs. Mais alors pourquoi avoir accepté de monter le spectacle?




Claudio Poloni

 

 

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