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Un Colonne à la une

Paris
Théâtre Mogador
03/14/2006 -  
Marius Constant : Turner
Serge Rachmaninov : Concerto pour piano n° 2, opus 18
César Franck : Symphonie en ré mineur

Jean-Philippe Collard (piano)
Orchestre Colonne, Laurent Petitgirard (direction)


L’arrivée de Laurent Petitgirard en décembre 2004 a décidément sorti l’Orchestre Colonne de sa torpeur, comme en témoignait ce concert, initalement prévu pour la rentrée en octobre dernier. L’une des excellentes initiatives du nouveau directeur musical consiste à faire débuter la plupart des programmes de la saison par une pièce contemporaine française, marquant ainsi le retour de la musique de notre temps dans l’une des «associations symphoniques» parisiennes.


C’était ici Turner (1961) de Marius Constant, trois «essais» d’une durée de treize minutes, qui, se référant à des tableaux du peintre anglais (Rain, steam and speed, Portrait of himself, Windsor Castle), adoptent une démarche plus évocatrice que descriptive. Malgré un effectif relativement réduit (bois, cors et trompettes par deux, trombone, percussion, harpe, piano, cordes), le compositeur fait sonner l’orchestre de façon puissante, au service d’une expression véhémente et expressionniste et d’une écriture à la fois dense et lyrique: une heureuse (re)découverte.


Si l’on associe spontanément le nom de Jean-Philippe Collard à Fauré, Ravel ou Saint-Saëns davantage qu’à Rachmaninov, il faut bien se dire que c’est injuste: non seulement il a gravé une ingégrale de ses concertos avec Michel Plasson, mais il démontre dans le Deuxième (1901) qu’il sait parfaitement s’adapter aux exigences tant techniques que stylistiques de la partition. Puissant sans brutalité, toujours admirablement timbré et sonore, dominant sans peine l’orchestre quand il le faut, son jeu fait ainsi merveille aussi bien dans les pages virtuoses, où il sait griffer et rugir (y compris de la voix!), que dans les moments poétiques, qu’il restitue avec une délicatesse toute chopinienne, exempte de mièvrerie ou d’alanguissement. Le pianiste français montre en outre un plaisir évident d’être là et de passer, en toute simplicité, un belle demi-heure de musique, en connivence totale avec Petitgirard et ses musiciens, qui lui réservent un accompagnement de belle tenue. Le chef fait installer une chaise juste derrière le tabouret de Collard afin de ne pas rater un bis quasi fauréen, le Cinquième des Préludes de l'opus 32 (1910) de Rachmaninov.


En raison notamment de ses amples proportions, il n’est pas si aisé que cela de faire «fonctionner» la Symphonie en ré mineur (1888) de Franck. Allégeant les lourdeurs «wagnériennes» dont elle est souvent chargée, Herreweghe a récemment démontré qu’on pouvait «dépoussiérer» des décennies de (mauvaises) habitudes interprétatives. Disposant d’une formation assez réduite (quarante-cinq cordes), Petitgirard travaille dans un esprit voisin, tout sauf massif, mettant même en valeur une grâce et une légèreté que l’on n’attendait sans doute pas dans cette œuvre. Bien construite, d’une clarté quasi pédagogique, animée par une respiration très naturelle, allant sans cesse de l’avant sans bousculer pour autant le tempo, cette approche apporte un témoignage particulièrement convaincant à l’appui d’une symphonie qui n’apparaît plus si fréquemment que cela à l’affiche et confirme qu’il est impératif de considérer avec le plus grand intérêt ce qui se déroule actuellement aux Concerts Colonne.



Simon Corley

 

 

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