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L’humour (noir) du Chat noir

Paris
Musée d’Orsay
01/24/2006 -  
Maurice Mac-Nab (édition Camille Baron et Roland Khor) : Le Pendu – Le Bal à l’Hôtel de ville – Elle a son brevet supérieur – Ma femme est élue! – Le Cheveu de Charlemagne – Marche des scolaires – Les Fœtus – Le Grand métingue du Métropolitain – Coquin d’populo – Le Mastroquet de Suresnes – Suicides en partie double
Charles de Sivry : Rigaudon provençal – Séduction
Maria Krysinska : Etoile filante

Jérôme Corréas (baryton), Susan Manoff (piano)


Le Musée d’Orsay propose un cycle «Chansons françaises» qui permettra, d’ici le 21 mars, de découvrir le répertoire qui fut celui des premières vedettes de la «variété», comme Thérésa ou Yvette Guilbert. C’est un florilège de succès de Maurice Mac-Nab (1856-1889), l’un des piliers du cabaret Le Chat noir – dont Susan Manoff s’attache à faire revivre les spectacles et les musiques, notamment son théâtre d’ombres – qui ouvrait le ban et il revenait donc au baryton Jérôme Corréas de restituer «l’allure très raide, comme de bois, et le ton ironique et grave […], la voix rauque qui ferait penser à celle d’un phoque enrhumé» du chansonnier parisien que décrit Mariel Oberthür dans les notes de programme.


Mac-Nab était un poète plus qu’un musicien, disant ou chantant ses textes sur des accompagnements improvisés ou des airs connus qu’il choisissait. C’est seulement après sa mort que deux recueils de Chansons et Nouvelles chansons du «Chat noir», édités respectivement par Camille Baron et Roland Khor, couchèrent sur le papier les musiques qui étaient associées à ses Poèmes mobiles ou à ses Poèmes incongrus.


Dans un registre résolument comique qui n’en révèle pas moins une époque, les textes font une large place à la satire sociale et politique, certains d’entre eux, que ce soit sur les hommes au foyer (Elle a son brevet supérieur) ou sur la place des femmes en politique (Ma femme est élue!), conservant d’ailleurs une actualité inattendue. Mais l’humour noir (Le Pendu, Les Fœtus) ou même l’absurde (Le Mastroquet de Suresnes, Suicides en partie double) viennent aussi pimenter ces narrations d’une impeccable logique et au parler truculent.


Jérôme Corréas, un chanteur qui ne rechigne pas à faire du piano, et Susan Manoff, une pianiste qui ne rechigne pas à chanter, ont conçu une petite heure de spectacle bon enfant et inventif, dans lequel s’intercalent à trois reprises des petites pièces de Charles de Sivry – demi-frère de Mathilde Mauté, alias Madame Verlaine, mais surtout l’un des accompagnateurs attitrés de Mac-Nab – et de Maria Krysinska, compositeur, écrivain et poète également liée au Chat noir. La valse Séduction de Sivry se situe à mi-chemin de Chabrier et de Satie, mais l’Etoile filante de Krysinska, même marquée par la scansion énergique de Corréas, qui frappe du pied sur la scène, est nettement plus ordinaire. A son invitation, le public finit par se prêter au jeu et reprend en chœur la Marche des scolaires sur l’air de La casquette du Père Bugeaud, avec cymbales antiques obligées.


Grâce à l’excellente diction de Jérôme Corréas, tant dans le registre chanté que parlé, on ne perd heureusement pas le moindre mot: c’est donc avec plaisir que l’on goûte à nouveau, en bis, au Pendu. Et nul doute que Mac-Nab, «prince de l’humour», aurait réussi à tourner à son avantage les nuisances sonores occasionnées par les travaux entamés non loin de l’auditorium au cours du dernier quart d’heure…



Simon Corley

 

 

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