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Les héros ne sont pas fatigués

Paris
Maison de Radio France
01/20/2006 -  
Andrzej Panufnik : Ouverture héroïque
Henri Dutilleux : Tout un monde lointain
Serge Rachmaninov : Danses symphoniques, opus 45

Gautier Capuçon (violoncelle)
Orchestre national de France, Tugan Sokhiev (direction)


Le nouveau week-end de concerts gratuits «Porte ouverte» de Radio France, intitulé «Musique et héros», vise, en six programmes allant de la musique traditionnelle géorgienne à la musique contemporaine, à rendre justice à la riche source d’inspiration qu’ont toujours constituées les mythologies et les actions d’éclat, en écartant soigneusement les poncifs qu’auraient pu être la Symphonie «Héroïque», Une vie de héros et autres heldentenors.


Pour ouvrir une série consacré aux héros, il fallait une ouverture et il fallait qu’elle fût héroïque: l’Ouverture héroïque (1952) de Panufnik s’imposait donc, d’autant qu’elle joue de façon laconique (six minutes) avec certaines des figures obligées que l’on associe volontiers au héros. Fanfares des trompettes et marches des tambours à l’appui, il s’avance ici de façon massive et implacable, martiale et velléitaire.


Dutilleux sera le véritable héros d’un week-end qui se conclura par une plantureuse «fête», retransmise en direct sur France Musique, au cours de laquelle seront données six de ses partitions, entourées de pièces d’Ohana, Grisey, Lutoslawski, de Pablo, Ligeti et Jolas. D’ici là, deux jours avant de célébrer son quatre-vingt-dixième anniversaire, le compositeur était déjà à l’honneur: Renaud Capuçon s’est fait l’un des plus ardents promoteurs de L’Arbre des songes, notamment par l’enregistrement qu’il en a effectué, mais c’est maintenant son frère Gautier qui se saisit de Tout un monde lointain (1970). Avec un ferme ancrage au répertoire des violoncellistes et la tendance à privilégier parfois excessivement le raffinement dans la musique française, ce concerto a pris une patine que le soliste semble ici s’employer à décaper. Car le ton frappe ici par son âpreté et sa noirceur, sous un archet intensément lyrique, qui renvoie à la personnalité de son dédicataire, Msistlav Rostropovitch.


Dutilleux finit par se laisser convaincre de franchir les marches le séparant de la scène afin de remercier les spectateurs et les musiciens qui le saluent chaleureusement. Il reste pour assister à la seconde partie, qui comprenait une œuvre créée alors qu’il avait l’âge de Gautier Capuçon (vingt-cinq ans) et déjà un premier Grand prix de Rome à son actif: les trois Danses symphoniques (1940) de Rachmaninov. Peu d’accents héroïques dans ces pages, mais après tout, le héros peut aussi être malchanceux, comme ce percussionniste trahi par la rupture de la poignée de l’une de ses cymbales, laquelle, sans tomber au sol, vient néanmoins frapper l’autre, provoquant une intrusion sonore aussi imprévue que fort heureusement assez discrète.


Après le «Philhar’» le mois dernier, Tugan Sokhiev, qui vient de prendre ses fonctions de premier chef invité et conseiller musical de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse, faisait à cette occasion ses débuts avec l’Orchestre national de France. Il n’est pas certain que le courant soit passé avec le chef ossète, dont la carrière s’annonce toutefois prometteuse, puisqu’il n’est âgé que de vingt-huit ans. Mais il n’en relève pas moins le défi de succéder à l’un de ses maîtres, Youri Temirkanov, qui, quelques semaines plus tôt à Paris, s’était illustré dans ce même triptyque avec sa Philharmonie de Saint-Pétersbourg (voir ici). Cela s’entend dans ce Rachmaninov mené avec une gestuelle souple et précise, sans affectation ni boursouflure, rebondissant et tranchant, mais dont le chant ne respire pas moins amplement.



Simon Corley

 

 

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