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Eglises américaines

Paris
Eglise américaine
01/12/2006 -  et 31 janvier 2006 (Mulhouse)
Morton Feldman : Rothko Chapel
Gualtiero Dazzi : D’un seul cri au-dedans de lui-même

Ensemble 2e2m: Claire Merlet (alto), Jacqueline Méfano (célesta, piano), Alain Huteau (percussion) – Les Cris de Paris, Geoffroy Jourdain (direction)


«The Rothko Chapel project» vise à associer à l’œuvre éponyme de Morton Feldman (1926-1987) deux partitions faisant appel au même effectif (alto, clavier, percussion et chœur), composées spécialement à cet effet et s’inspirant du propos du compositeur et du peintre américains. Déjà donné à Strasbourg puis à Bâle avec les Basler Madrigalisten, le concert sera repris à Mulhouse par Les Cris de Paris. Entre-temps, le chœur de chambre de Geoffroy Jourdain participait également à l’étape parisienne, laquelle prenait d’autant plus le caractère d’un hommage à Feldman qu’on célébrait en ce 12 janvier le quatre-vingtième anniversaire de celui qui fut, avec John Cage, Earle Brown et Christian Wolff, l’un des musiciens de «l’Ecole de New York».


Feldman a composé Rothko Chapel (1971) pour un édifice texan où sont exposées quatorze grande toiles de Mark Rothko, «lieu de recueillement» qui «est en quelque sorte un lieu de culte». Rien à voir, par conséquent, avec la néogothique Eglise américaine (1926-1931) du Quai d’Orsay, dont l’acoustique se révèle néanmoins étonnamment satisfaisante, même si la moindre perturbation suffit hélas à porter préjudice à cette esthétique de la rareté et de la fragilité: après la soufflerie du chauffage, qui gâche les cinq premières minutes, ce seront ainsi les inévitables (?) toux... Plongés dans le noir (mais munis d’une lampe de poche), les choristes recherchent des textures plus instrumentales que vocales, comme s’ils venaient ensemble se joindre en un quatuor avec l’alto, le célesta et la percussion. Mais la sonorité globale, indépendamment du très pur solo de Célia Bocquel, paraît trop mate et ténue, tandis que la partie d’alto demeure toujours aussi redoutable, tellement à découvert que la moindre imperfection y est immédiatement perceptible.


Contrairement à ce qu’indiquait le programme distribué aux spectateurs, seule l’une des deux créations écrites en écho à celle de Feldman fut ensuite interprétée: il fallut donc se priver des jeux de mots prometteurs de L’Homme du champ de Georges Bloch, mais restait encore D’un seul cri au-dedans de lui-même de Gualtiero Dazzi (né en 1960). D’une durée équivalente à celle de Rothko Chapel (vingt-cinq minutes), elle est fondée sur cinq des trente-trois fragments (strophes) du Poème de la Chapelle Rothko de John Taggart. Le texte, dont l’un des vers constitue le titre de l’œuvre, procède par répétitions et modifications progressives, suscitant une musique sensiblement différente de celle de Feldman, plus foisonnante et dynamique, plus incantatoire et marquée par l’urgence, mais parvenant à un même sentiment d’engourdissement et de stagnation, par vagues qui entourent progressivement l’auditeur.


Le compositeur italien, présent pour la circonstance, a adopté une structure en trois parties distinctes, dont l’intitulé reprend celui de tableaux de Rothko (des descriptions de couleurs): la première est encadrée par de longs développements instrumentaux, la deuxième place au centre – au sens propre comme au sens figuré – le vibraphone, tandis que la troisième fait ressortir, comme chez Feldman, une soprano qui chante l’intégralité du dernier fragment. De facture assez classique, l’écriture chorale met bien davantage en valeur Les Cris de Paris, avec en outre un remarquable solo d’Adèle Carlier.



Simon Corley

 

 

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