About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Evidence

Paris
Théâtre du Châtelet
12/14/2005 -  
Serge Prokofiev : Alexandre Nevski, opus 78 – Ivan le Terrible, opus 116

Olga Borodina (mezzo), Ildar Abdrasakov (basse), Lambert Wilson (récitant)
Chœur du Théâtre Mariinski, Andreï Petrenko (chef de chœur), Orchestre du Théâtre Mariinski, Valery Gergiev (direction)


Valery Gergiev se trouve successivement à la tête de quatre orchestres au cours de son séjour parisien, y compris celui du Théâtre Mariinski, dont il est le directeur artistique: parallèlement aux représentations d’opéra que la prestigieuse troupe pétersbourgeoise donne au Châtelet, il dirigeait ainsi un concert symphonique au programme aussi copieux que colossal, puisque dédié aux deux immenses partitions nées de la collaboration entre Prokofiev et Eisenstein, et ce au moment même où la Cité de la musique présente de son côté un cycle intitulé «Musique/Cinéma».


Le chef russe aime sans doute être là où on ne l’attend pas: quatre jours après son apparition au Théâtre des Champs-Elysées (voir ici), il a en effet renoué avec la baguette et la queue de pie; surtout, requérant moins de musiciens que dans l’opulente Deuxième symphonie de Brahms qui avait conclu cette soirée, il livre un Alexandre Nevski (1939) allégé, sans exagération, mais pas moins implacable, dont il enchaîne les sept sections sans interruption. Avec une gestuelle aussi sobre que s’il dirigeait du Mozart, il conduit une mécanique de précision servie par la formidable cohésion de l’orchestre, et ce sans raideur pour autant, comme le montre la saisissante progression qu’il ménage dans les premières pages de La Bataille sur la glace. Dans Sur le champ de la mort, Olga Borodina fait pardonner par sa voix somptueuse et puissante quelques approximations dans les graves.


Adaptée de façon posthume par Stassevitch sous forme d’oratorio, la musique pour Ivan le Terrible (1945) bénéficie ici d’une lecture tout aussi cinglante, aussi peu clinquante, décorative et extérieurement spectaculaire, en un mot aussi peu hollywoodienne que possible. A l’unisson des images coup de poing d’Eisenstein, la qualité de la mise en place et la manière d’aller droit au but possèdent la force de l’évidence: à l’aune de ces soixante-dix minutes sans la moindre pause, et comme quelques semaines plus tôt avec la Philharmonie de Saint-Pétersbourg (voir ici), les quelques réserves que pourrait susciter la prestation instrumentale ou même chorale sont de peu de poids, d’autant que la sonorité des cuivres russes demeure toujours aussi exceptionnelle. Borodina confirme toute l’étendue de son talent, tandis que l’intervention finale d’Ildar Abdrasakov se révèle impeccable.


Entièrement russe, le plateau compte cependant deux renforts français: au fond, Stéphane Labeyrie, soliste de l’Orchestre de Paris, tient la partie de second tuba, profitant de cette place pour ne pas perdre un instant de la fête; au premier plan, Lambert Wilson campe un récitant digne, un tantinet prisonnier de son texte mais omettant systématiquement les liaisons, visiblement impressionné par l’enjeu, studieusement plongé dans sa partition et attentif aux indications de Gergiev.


Le site du Théâtre Mariinski



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com