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Rachmaninov sans guimauve

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
11/20/2005 -  
Serge Rachmaninov : Vocalise, opus 34 n° 14 – Concerto pour piano n° 3, opus 30 – Danses symphoniques, opus 45

Denis Matsuev (piano)
Orchestre philharmonique de Saint-Pétersbourg, Youri Temirkanov (direction)


Au moment même où le Théâtre Mariinski séjourne dans la capitale (voir ici et ici), l’Orchestre philharmonique de Saint-Pétersbourg fait étape à Paris à l’occasion de sa tournée européenne. Point commun à ces deux institutions de la cité baltique: elles ont successivement eu le même patron, Youri Temirkanov, qui, laissant le Kirov à Valery Gergiev et succédant à l’ère Mravinski (cinquante ans), est devenu en 1988 le directeur musical et chef principal de la Philharmonie.


Entièrement consacré à Rachmaninov, le programme débutait avec la Vocalise (1915), dans l’arrangement pour orchestre à cordes réalisé par le compositeur. D’emblée, et comme on pouvait s’y attendre, le chef russe, à mains nues, avec une gestuelle très personnelle, et à la tête d’un effectif fourni (soixante-cinq musiciens), impose un Rachmaninov sobre et de belle tenue.


Pour le Troisième concerto (1909), le piano a été installé très en avant de l’orchestre: fallait-il dès lors craindre de Denis Matsuev une prestation narcissique et exclusive? Non seulement Temirkanov, estrade tournée à 45 degrés vers le soliste, veille sans cesse à l’équilibre et au dialogue entre les forces en présence, mais le jeune Russe, s’il fait preuve d’une technique particulièrement impressionnante dans ce concerto que l’on présente souvent comme l’un des plus difficiles du répertoire, n’en rajoute pas, adoptant même une certaine froideur objective qui était, semble-t-il, celle de Rachmaninov lui-même. Dans le même esprit, le Cinquième des dix Préludes de l’opus 23 (1903) donné en bis frappe en outre par sa puissance.


Pas davantage de sentimentalisme abusif dans les Danses symphoniques (1940), fermement tenues, avec des phrasés tendus et un sens dramatique très sûr. Sans la moindre tentation de sombrer dans les excès de sirop et de guimauve, sans forcer non plus le trait ironique, Temirkanov maintient le cap entre Respighi et Chostakovitch. C’est en outre un plaisir que de goûter à la sonorité toujours aussi typée (cuivres, basses) de la formation pétersbourgeoise, au sein de laquelle se détache également le saxophone alto du Français Daniel Gremelle.


Deux bis sont généreusement offerts: le Prélude de La Légende de la ville invisible de Kitège et de la vierge Fevronia (1904) de Rimski-Korsakov, puis un extrait de Roméo et Juliette (1935) de Prokofiev (La Mort de Tybalt, avec seulement huit des quinze coups prescrits par la partition), confirmant les qualités d’un orchestre certes pas virtuose au regard des standards internationaux mais qui a su maintenir une forte et attachante identité.



Simon Corley

 

 

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