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Rituels bouleziens

Paris
Cité de la musique
11/19/2005 -  
Edgar Varèse : Ecuatorial
André Jolivet : Danses rituelles
Olivier Messiaen : Poèmes pour Mi

Yvonne Naef (mezzo)
Chœur de l’armée française, Pascale Jeandroz (chef de chœur), Orchestre du Conservatoire de Paris, Pierre Boulez (direction)


Affluence des grands soirs à la Cité de la musique: chacun, du plus modeste mélomane, parfois condamné à s’asseoir sur les marches, jusqu’à Henri Dutilleux ou Philippe Fénelon a bravé les premiers frimas pour entendre l’Orchestre du Conservatoire de Paris dirigé par Pierre Boulez dans un programme court, mais d’une parfaite cohérence. Centré sur les Danses rituelles de Jolivet – dont Boulez, au-delà des crêpages de chignon et des querelles de chapelle, n’a jamais dissimulé l’importance qu’elles avaient revêtu pour sa génération (voir ici) – il y associait en effet Varèse, l’un des maîtres de Jolivet, et Messiaen, cofondateur avec Jolivet du groupe «Jeune France». Trois œuvres apparues dans un intervalle de temps très réduit (1934-1939), trois compositeurs ayant en commun un refus du néoclassicisme et un goût pour le primitivisme, l’incantation et le rituel (païen ou chrétien), sous la direction d’un chef qui a lui-même écrit un Rituel (In memoriam Bruno Maderna), ce concert intelligemment conçu aura en outre tenu toutes ses promesses.


Rarement donné, sans doute en raison de l’effectif inhabituel qu’il requiert (notamment deux ondes Martenot –instrument au demeurant fort prisé de Jolivet comme de Messiaen – et un orgue), Ecuatorial (1934) date de l’époque où Varèse, mettant fin à un séjour parisien au cours duquel il avait eu Jolivet pour élève, regagna les Etats-Unis. Des rugissements de l’orchestre aux protestations véhémentes des barytons et basses du Chœur de l’armée française, Boulez montre tout ce qui sépare cette démarche de celles de Milhaud, Revueltas ou Villa-Lobos.


Il fait ensuite fort logiquement ressortir l’influence de Varèse dans les Danses rituelles (1939): autonomie du pupitre de percussions et interjections véhémentes se conjuguent toutefois à un raffinement sonore digne aussi bien de Ravel que de Dutilleux. Loin du magma brouillon et bruyant auquel la partition est trop souvent réduite, l’effet n’en est pas moins terrifiant dans la Danse du héros ou dans la Danse du rapt et, sans exagérer la lenteur du tempo dans la Danse funéraire, un envoûtement intoxicant n’en est pas moins créé.


Egalement destinés à l’origine au piano, les Poèmes pour Mi (1936) sont nés l’année de la création de «Jeune France». Yvonne Naef a préalablement fait savoir qu’elle était souffrante: visiblement gênée – elle s’arrête longuement entre chaque mélodie et aborde avec une grande prudence les attaques piano – la mezzo suisse convainc cependant par sa puissance, sa clarté, sa diction impeccable et son aisance sur tous les registres. Comme Boulez et les jeunes musiciens lui réservent un accompagnement aussi somptueux que luxuriant, le triomphe est total.



Simon Corley

 

 

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