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Sans tambour mais avec trompettes Paris Studio Bastille 11/10/2005 - Igor Stravinsky : Fanfare for a new theatre
Erik Satie : Carillon
Henri Tomasi : Suite pour trois trompettes
Wolfgang Amadeus Mozart : Divertimento pour trois cors de basset, K. 439b/4 (adaptation Luc Roussselle)
Maurizio Kagel : Fanfanfaren (extraits)
Béla Bartok : Chœurs, sz. 103 (extraits, adaptation Luc Roussselle)
Benjamin Britten : Fanfare for St. Edmundsbury
Willy (Vassily) Brandt : Ländliche Bilder
Nikolaj Viltoft, Alexis Demailly, Pascal Clarhaut, Luc Rousselle (trompette)
Dans le cadre de ses «Casse-croûte» (gratuits), le Studio Bastille accueillait quatre trompettistes de l’Orchestre de l’Opéra national de Paris, commentant au fur et à mesure, avec une décontraction réjouissante, le programme de courtes pièces pour deux à quatre musiciens qu’ils avaient concocté pour l’occasion.
A chacune des deux entrées de la salle, une brève introduction solennellement ironique (ou ironiquement solennelle) retentit: sur la droite, la Fanfare pour un nouveau théâtre (1964) de Stravinsky, sur la gauche le Carillon (1921) de Satie, sous-titré Sonnerie pour réveiller le bon gros roi des singes qui garde toujours un œil ouvert en dormant.
Auteur d’un concerto qui est resté au répertoire, Henri Tomasi a également composé une plus originale Suite (1964) pour trois trompettes, qui met en valeur les capacités lyriques de l’instrument: Havanaise le plus souvent avec sourdines, étrange Lento égéen et enfin Danse bolivienne où l’on retrouve l’humour et les couleurs d’un Villa-Lobos. Compte tenu de la relative exiguïté des lieux, la dynamique sonore sature parfois quelque peu.
Mozart a laissé cinq Divertimenti pour trois cors de basset (1783): Luc Rousselle, l’un des protagonistes de ce concert, a arrangé le Quatrième pour trois cornets à pistons, une formation qui, compte tenu de l’agilité du pupitre de l’Opéra, s’adapte fort bien à ces cinq mouvements miniatures (douze minutes).
Avec son sens habituel de la dérision, Kagel, dans Fanfanfaren (1993) pour quatre trompettes, offre douze très brèves pièces. Trois d’entre elles montrent comme il joue de répétitions complexes à la façon de Ligeti (Cinquième, Deuxième) ou s’amuse à dénaturer un semblant de fanfare baroque (Huitième).
Venaient ensuite six des vingt-sept Chœurs pour voix d’enfants ou voix de femmes (1936) de Bartok, à nouveau dans un arrangement de Luc Rousselle pour trois trompettes, qui rend justice à la verdeur de ces mélodies populaires.
Les quarante secondes de la Fanfare pour St. Edmundsbury (1959) de Britten constituent un superbe tour de force, puisque chacune des parties de trompette, jouées d’abord séparément, est écrite dans une mesure et une tonalité différentes, les trois formant ensuite un ensemble tout à fait convaincant.
Trompettiste allemand installé en Russie, où il joua notamment dans l’orchestre du Bolchoï, Willy (ou Vassily) Brandt (1869-1923) concluait ce panorama inhabituel. Ses Images de la campagne (vers 1900) pour quatre cornets proposent sans la moindre prétention une délicieuse succession de petites scènes de genre (A l’église, Sous le tilleul et A la fête).
Simon Corley
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