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Musique de chambre russe Paris
Musée d'Orsay
11/08/2005 -
Anton Rubinstein : Trio avec piano n° 1, opus 15 n° 1
Serge Taneïev : Quatuor avec piano, opus 20 (#)
Solistes de chambre de Saint-Pétersbourg: Ilya Ioff, Lidia Kovalenko (#) (violon), Alexeï Ludevig (alto), Alexeï Massarsky (violoncelle), Igor Uryash (piano)
Dans le cadre du cycle «Musique russe» organisé en parallèle à l’exposition «L’Art russe dans la seconde moitié du XIXe siècle : en quête d’identité», le Musée d’Orsay propose quatre concerts des «Solistes de chambre de Saint-Pétersbourg», musiciens issus des deux institutions prestigieuses de la cité baltique que sont la Philharmonie et le Conservatoire. Cette série est particulièrement intéressante en ce qu’elle permet de procéder à l’exploration d’un secteur trop souvent négligé de la musique russe, le répertoire chambriste, présentant en outre des compositeurs rarement joués sous nos latitudes (Arensky, Medtner, A. Rubinstein, Taneïev, …).
Laissant pas moins de cinq Trios avec piano, Anton Rubinstein a ouvert la voie, en Russie, dans un genre auquel ses successeurs (Tchaïkovski, Rachmaninov, Chostakovitch) ont apporté de célèbres contributions. Dans le Premier trio (1851), qui obéit à la coupe classique en trois mouvements (vingt-quatre minutes), la générosité ensoleillée n’est pas sans rappeler Mendelssohn, même si les traits pianistiques, défendus vaille que vaille par Igor Uryash, trahissent également le musicien virtuose. Plus généralement, l’écriture tient plus de la mélodie accompagnée que du dialogue ou du contrepoint, à l’image du Moderato central, dont le thème d’allure populaire (que n’aurait pas renié Schumann) fait l’objet de variations consistant simplement à le faire passer d’un instrument à l’autre et à l’entourer de figures décoratives.
Dans la génération suivante, l’œuvre de musique de chambre de Taneïev, élève de Nicolas Rubinstein (frère d’Anton), est également d’une grande richesse. Très élaboré tout en conservant un souffle d’une belle puissance, le Quatuor avec piano (1906) se caractérise par d’amples proportions (trente-six minutes) et une structure originale: à un Allegro brillante de forme sonate succèdent en effet un Adagio più tosto largo lyrique et expressif, interrompu par un Allegro agitato, puis un final évoluant d’un Allegro molto à un Moderato serafico. D’esprit symphonique, la partition évoque Brahms mais aussi, de façon peut-être plus inattendue, Franck, ne serait-ce que par le recours à des procédés cycliques. Au sein de la formation pétersbourgeoise, le violon intense de Lidia Kovalenko s’impose en tout premier lieu.
Simon Corley
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