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Fusion Paris Cité de la musique 11/06/2005 - Franz Schubert : Quatuor n° 14 «Der Tod und das Mädchen», D. 810
Pascal Dusapin : Quatuor n° 1
Johannes Brahms : Quintette avec clarinette, opus 115
Paul Meyer (clarinette), Quatuor Amati: Willi Zimmermann, Anahit Kurtikian (violon), Nicolas Corti (alto), Claudius Herrmann (violoncelle)
En ce début d’un dimanche riche de quatre concerts, le succès public rencontré par la deuxième biennale «Quatuors à cordes» à la Cité de la musique était toujours aussi réjouissant. Comme le samedi avec les Sine Nomine, c’est à une formation suisse qu’il revenait d’ouvrir les festivités, dans un programme où Pascal Dusapin, vedette de cette biennale, était entouré de deux œuvres-phares du romantisme germanique.
Dans le Quatorzième quatuor «La Jeune fille et la mort» (1824) de Schubert, les Amati démontrent une belle solidité technique, malgré quelques accrocs du premier violon dans l’aigu, ainsi qu’un goût très sûr, sans artifices. Même si le violoncelle de Claudius Herrmann se fait parfois plus menaçant que ses partenaires, rien de sombre, glaçant ou terrifiant dans cette approche, certes cohérente et maîtrisée, mais dont les inflexions expressives remettent rarement en cause un ordonnancement sage et élégant.
Dusapin a achevé en 1996 la révision de son Premier quatuor (1983), mais il est difficile de savoir, compte tenu de l’autodérision quasi satiste dont il entoure son travail («j’ai cru bon de réécrire entièrement ce quatuor […] au point que rien de cette nouvelle version ne l’apparente à la première et qu’à la vérité, il est resté ainsi le même», revu «de la première à la dernière note, de loin en loin»), ce qu’a réellement apporté cette relecture, hormis un resserrement du propos, la partition comptant désormais trois brefs mouvements d’une durée totale de dix minutes. Toujours est-il que sous sa forme actuelle, elle se caractérise par sa tension et sa concentration, l’organisation de micro-événements à la Webern et la Kurtag assurant la continuité du propos.
La seconde partie permettait à la biennale de saluer l’instrument dont l’association avec le quatuor est sans doute à la fois la plus ancienne et la plus réussie. Dans le Quintette avec clarinette (1891) de Brahms, c’est précisément, et au-delà même de la sonorité exceptionnellement luxueuse et raffinée de Paul Meyer, la fusion des cinq musiciens qui frappe. Comme dans Schubert, c’est un parti pris de refus d’exagération tragique qui prévaut, mais il confère ici à l’ensemble une serénité et une luminosité inhabituelles, à peine nostalgiques, paisibles plus que résignées, davantage dans l’esprit d’une sérénade que dans celui des autres recueils de cette ultime période du compositeur (Klavierstücke, Chants sérieux, Préludes de choral).
Le site du Quatuor Amati
Simon Corley
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