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Amabile cantabile

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
11/02/2005 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Sonate pour violon et piano n° 24, K. 296
Johannes Brahms : Sonate pour violon et piano n° 1, opus 78
Ludwig van Beethoven : Sonate pour violon et piano n° 9 «A Kreutzer», opus 47

Pinchas Zukerman (violon), Marc Neikrug (piano)


Duo ou récital? Plutôt que de s’associer de façon plus ou moins régulière à une forte personnalité, perspective certes plus attrayante pour le public, les vedettes préfèrent souvent s’entourer d’un partenaire fidèle, mais de moindre notoriété, l’essentiel étant bien entendu de satisfaire un légitime souci de confiance. Cette solution ne préjuge assurément pas des qualités du pianiste, même si celui-ci risque de devenir davantage un accompagnateur, sinon un faire-valoir, qu’un égal, le duo chambriste se transformant alors en récital soliste. Chaque violoniste apporte ainsi sa propre réponse à cette importante question: pour prendre l’exemple de deux Allemands aux alentours de la quarantaine, l’un, Christian Tetzlaff fait équipe avec Leif-Ove Andsnes, tandis que l’autre, Anne-Sophie Mutter, joue avec Lambert Orkis.


L’Américain Marc Neikrug, par ailleurs compositeur, travaille depuis plus de vingt-cinq ans avec Pinchas Zukerman. S’il est évidemment absurde de considérer qu’une collaboration aussi longue ne possède pas une signification capitale pour ce dernier, force est cependant de constater que dans un programme de trois sonates en trois mouvements couvrant exactement un siècle de musique germanique et présentant tour à tour ceux des compositeurs qui ont sans doute le mieux illustré le genre, il aura suffi au violoniste israélien de déployer un large éventail de qualités pour reléguer dans l’ombre «son» pianiste.


En effet, dès la Vingt-quatrième sonate (1778) de Mozart, et malgré une mise en route un peu difficile dans l’Allegro vivace initial, Zukerman impose, avec sa sonorité soyeuse et chaleureuse ainsi que son timbre riche dans le grave et le medium, une générosité sans débordements, une présence naturelle, une sereine harmonie entre raffinement et simplicité.


Peinant à installer sur un seul pupitre son exemplaire entièrement déplié de la Première sonate (1879) de Brahms, Zukerman, en attendant qu’un second pupitre soit apporté, quitte la scène après avoir lancé, au cas où l’on se serait inquiété: «I’ll be right back». Nullement perturbé par ce petit incident, il poursuit dans une veine apollinienne, fondée sur des phrasés très travaillés, d’une superbe éloquence. Il est certes des Brahms plus puissants ou tourmentés, mais la plénitude atteinte ici n’en suscite pas moins l’admiration. Par contraste, le piano apparaît hélas très en retrait, imprécis, ne quittant la fadeur que pour la dureté.


Avec la Neuvième sonate «A Kreutzer» (1803) de Beethoven, ce sont généralement les aspects conflictuels et novateurs qui sont mis en valeur, dans une sorte de corps à corps entre les deux instruments. Rien de tel ici, sinon quelques attaques un peu aigres dans l’aigu: Zukerman privilégie à tout instant une admirable qualité de chant, une amabilité et un équilibre d’allure classique qui ne cèdent jamais à un romantisme débridé, conquérant ou fantasque. En bis, la Berceuse (1879) de Fauré semble cependant trop chargée d’intentions.



Simon Corley

 

 

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