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Nourritures light Paris Studio Bastille 10/27/2005 - Joseph Haydn : Divertimento pour flûte, violon et violoncelle, Hob. IV.1
Alessandro Rolla : Duo pour violon et alto
Jean Françaix : Trio à cordes
Wolfgang Amadeus Mozart : Quatuor avec flûte n° 3, K. 285b
Cécile Nessi (flûte), Cyril Ghestem (violon), Jean-Charles Monciero (alto), Mathieu Rogue (violoncelle)
Si l’Orchestre de Paris organise ses «Croq’notes» méridiens, l’Opéra, de son côté, a désormais ses «Casse-croûte», également à entrée libre. Depuis le 20 octobre, le Studio Bastille accueille en effet un rendez-vous hebdomadaire (le jeudi à 13 heures) d’une (bonne) heure, alternant rencontres avec les musiciens, chorégraphes ou metteurs en scène et concerts donnés par les artistes de l’Orchestre de l’Opéra national de Paris. Dans ce cadre nettement moins formel que celui des concerts de musique de chambre du dimanche soir à Garnier, le casse-croûte proprement dit est proposé, trente minutes avant et après la représentation, au prix de 7 euros. Le parti pris, tout à fait défendable, est celui d’un divertissement de qualité, de musiques plus légères que sévères, des nourritures light, en somme, à l’image du concert inaugural de cette série, autour de la flûte et des cordes, pour lequel le public avait massivement répondu présent.
Les trois Divertimenti dits «de Londres» (1794) de Haydn sont écrits pour deux flûtes et violoncelle, mais il ont été popularisés, notamment par Rampal, Stern et Rostropovitch, avec un violon en lieu et place de la seconde flûte. Pas si anodin, avec ses ombres furtives, d’une élégance toute mozartienne mise en valeur par Cécile Nessi, Cyril Ghestem et Mathieu Rogue, le Premier divertimento s’achève néanmoins sur un Vivace on ne peut plus haydnien.
Le duo pour violon et alto a été illustré à son plus haut niveau par Mozart et Martinu. Altiste renommé, Alessandro Rolla (1757-1841) fut également premier violon à la Scala de Milan à l’époque de Rossini: il était donc logique que, au sein d’un catalogue prolifique, il s’intéresse à ce genre exigeant, qui ne pardonne ni aux compositeurs ni aux interprètes. Très développés (vingt-trois minutes), les trois mouvements du Duo choisi par Cyril Ghestem et Jean-Charles Monciero déploient un style opératique et une technique acrobatique qui rappellent Paganini, avec un traitement paritaire des deux instruments, notamment dans le mouvement central à variations, où chacun fait à son tour assaut de virtuosité.
Tout juste âgé de vingt-deux ans, Jean Françaix n’en possédait pas moins, dès son Trio à cordes (1934), cette voix immédiatement identifiable qui a établi sa renommée: ingénieuse, enjouée et malicieuse, dans l’esprit du Groupe des Six, mais aussi d’une pudeur toute ravélienne dans l’Andante. Le Troisième quatuor avec flûte (1777) de Mozart conclut hors de toute routine en compensant un certain manque de précision par des options interprétatives inhabituellement tranchées et recherchées dans ce répertoire.
Le site des «Casse-croûte à l’Opéra»
Simon Corley
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