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Le testament de Villa-Lobos

Paris
Maison de Radio France
10/15/2005 -  
Astor Piazzolla : Concerto pour bandonéon
Heitor Villa-Lobos : Floresta do Amazonas

Richard Galliano (bandonéon), Indra Thomas (soprano)
Chœur de Radio France, Christophe Talmont (chef de chœur invité)
Orchestre national de France, Enrique Diemecke (direction)


A mi-chemin de leur périple, les concerts «Porte ouverte» de Radio France consacrés à «Musique et nature» faisaient étape en Amérique du Sud, et d’abord en Argentine avec le Concerto pour bandonéon (1979) de Piazzolla. Discrètement amplifié, l’instrument soliste s’impose sans peine sur un accompagnement à effectif réduit (harpe, piano, timbales, percussion et cordes). Adoptant extérieurement la forme traditionnelle en trois mouvements, la partition demeure bien évidemment dans l’univers du tango, avec toutefois une sécheresse néoclassique qui trahit l’élève de Nadia Boulanger. Mais le Moderato central, plainte aussi simple qu’émouvante, possède la limpidité d’un Prélude de Chopin, admirablement servi par la justesse de ton de Richard Galliano. Remerciant un public enthousiaste – trop heureux d’avoir échappé au sort de ceux qui, en raison d’une affluence exceptionnelle, n’avaient pu accéder à l’auditorium Olivier Messiaen – il passe à l’accordéon pour déployer un éventail complet de sonorités et une virtuosité étourdissante dans l’infatigable Libertango.


Plus explicitement en relation avec la thématique du week-end, La Forêt d’Amazonie (1959), créée par le compositeur quatre mois avant sa disparition, constitue une sorte de testament de Villa-Lobos. Musique destinée à un film dont le projet ne se réalisa finalement pas, augmentée de quatre mélodies sur des poèmes de Dora Vasconcelos, cette vaste cantate de cinquante-deux minutes, formée de quatorze numéros enchaînés sans interruption, se présente comme un puissant livre d’images naïf et bariolé, un rien hollywoodien, parfaitement à la (dé)mesure du sujet: cette nature foisonnante et ses habitants, qui ont inspiré Villa-Lobos tout au long de sa vie, comme en témoignent notamment, dans le seul domaine orchestral, Uirapuru, Amazonas, Erosion (Les Origines de l’Amazone) ou Aurore sur une forêt tropicale.


Même si c’est peut-être à son corps défendant qu’il est cantonné à un répertoire «latino» à chacune de ses apparitions en France (voir par exemple ici), Enrique Diemecke, qui a enregistré l’œuvre deux fois, dirige par cœur et, avec sa «pêche» habituelle, renouvelle le succès obtenu dans La Découverte du Brésil voici tout juste un an dans la même salle (voir ici). Presque au grand complet (bois par trois, cuivres par quatre, saxophone, guitare, sept percussionnistes, ...), l’Orchestre national de France, qui était déjà de la fête à cette occasion, retrouve avec bonheur le temps où Villa-Lobos venait régulièrement le diriger et le chœur (d’hommes) de Radio France joue avec enthousiasme les bons sauvages, en «langue imaginaire d’Amazonie».


Intervenant à trois reprises par des vocalises chantées derrière la scène, la soprano Indra Thomas adopte un registre sans doute trop chargé, un style trop opératique et un vibrato trop ample dans les quatre magnifiques airs qui lui sont par ailleurs confiés: le génie mélodique des Cinquièmes bachianas brasileiras opère ici à nouveau, des indolentes Voiles à la Mélodie sentimentale conclusive, soutenue par le saxophone soprano, mais aussi dans l’ineffable mélancolie de la Chanson du crépuscule et de Crépuscule bleu (Chanson d’amour), débutant avec le seul accompagnement d’une guitare et d’une contrebasse.



Simon Corley

 

 

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