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Pour Enesco

Paris
Hôtel national des Invalides
09/26/2005 -  
Serge Prokofiev : Sonate n° 2, opus 14
Claude Debussy : Préludes, Livre premier (extraits) – L’Isle joyeuse
Georges Enesco : Sonate n° 1, opus 24 n° 1

Alberta Alexandrescu (piano)


A l’instar des autres centres culturels parisiens, l’Institut roumain propose tout au long de l’année une intéressante série de concerts, qui se tiennent notamment à l’Hôtel de Béhague (siège de l’ambassade de Roumanie). Mais c’est ici l’Hôtel national des Invalides, dont la riche saison musicale sera prochainement évoquée dans ces pages, qui accueillait un court récital d’Alberta Alexandrescu, à la fois dans le cadre de la quatrième édition de la «Semaine des cultures étrangères à Paris» et du cycle «Georges Enesco: ses précurseurs, ses contemporains, ses héritiers» (voir par ailleurs ici).


Troisième grand prix du Concours Long-Thibaud en 1995, la pianiste roumaine se lance d’abord dans la Deuxième sonate (1912) de Prokofiev. Son approche pour le moins physique et énergique de cette œuvre contemporaine de la Toccata et du Deuxième concerto se déploie largement dans l’acoustique généreuse du Salon d’honneur, au détriment de ses aspects grinçants ou poétiques. D’un abattage indéniable, son jeu parfois trop brutal, spectaculaire et extérieur s’impose néanmoins dans le Vivace final, emporté par un vent de folie.


Bien qu’ancienne élève du CNSM de Paris, elle interprète ensuite un Debussy assez peu idiomatique. Se succédant pour former un contraste total dans le Premier livre (1910) des Préludes, Des pas sur la neige et Ce qu’a vu le vent d’ouest sonnent ici de façon étrangement romantique et opulente, qui s’accorde mal avec la modernité du premier tandis que dans le second, le vent semble avoir tourné pour venir de l’est (Rachmaninov). A entendre ensuite la violence qui prévaut dans L’Isle joyeuse (1904), comme si l’on était retourné à Prokofiev, on se prend à se demander vers quels rivages voguaient Debussy et sa future (seconde) épouse Emma Bardac, mais la mer était en tout cas bien agitée.


La seconde partie faisait cependant tout le prix de ce concert, avec la Première sonate (1924) d’Enesco, puissant témoignage, à la même époque que la Troisième sonate pour violon et piano «Dans le caractère populaire roumain», d’un folklore aussi «imaginaire» et transcendé que celui de Bartok. Décédé il y a cinquante ans à Paris, Enesco n’a décidément pas reçu de sa seconde patrie l’hommage qui lui était dû en cette année de commémoration. Le regret est d’autant plus vif à l’audition de cette sonate, qui s’aventure aux confins de la tonalité et annonce même les éclats de couleurs d’un Messiaen, même si le rapprochement implicitement suggéré par le programme avec Debussy est tout à fait éclairant, où l’on retrouverait Ce qu’a vu le vent d’ouest dans le Presto vivace central et Des pas sur la neige (mais aussi le Gibet ravélien) dans l’Andante molto espressivo final. Rhapsodique et athlétique, Alberta Alexandrescu possède la technique nécessaire pour affronter cette partition redoutable et complexe.


Le site de l’Institut culturel roumain



Simon Corley

 

 

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