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Avec un peu d’Espagne autour

Paris
Nogent-sur-Marne (Pavillon Baltard)
09/24/2005 -  
Silvestre Revueltas : Sensemaya
Heitor Villa-Lobos : Concerto pour violoncelle n° 1
Manuel de Falla : L’Amour sorcier (suite)
Joaquin Turina : Danzas fantasticas, opus 22

Jérôme Pernoo (violoncelle)
Orchestre national d’Ile-de-France, Jurjen Hempel (direction)


«Brésil Brésils, Année du Brésil en France» oblige, la seizième édition du Festival d’Ile-de-France présente, du 4 septembre au 16 octobre, trente-huit manifestations formant un vaste panorama des «trésors lusophones»: du Portugal au Brésil sans oublier le Cap-Vert, du XVe siècle à nos jours, du sacré aux traditions populaires (fado, chôro, bossa nova, …), de la danse aux activités les plus diverses (sensibilisation scolaire, classes de maître, rencontres, conférences, randonnées, dîners, ...), tous les territoires, toutes les époques, toutes les musiques, toutes les disciplines sont représentés, et ce, bien sûr, dans toute la région, du Vexin à la Brie.


S’agissant de la musique classique proprement dite, l’offre n’est pas moins large, de Pedro de Escobar à Thierry Machuel en passant bien entendu par les Brésiliens (Nazareth, Villa-Lobos, Nobre, ...), des claviers (Olivier Baumont, Pierre Hantaï, Marie-Josèphe Jude) aux ensembles vocaux (A sei voci, Gilles Binchois, William Byrd). L’ouverture géographique est également de mise, comme en témoigne ce programme de l’Orchestre national d’Ile-de-France associant au plus célèbre des compositeurs brésiliens des personnalités originaires de l’ancien ou du nouveau monde ibérique.


C’est ainsi avec le Mexique de Silvestre Revueltas que s’ouvrait ce concert: Sensemaya (1937) demeure son œuvre la plus populaire et même si sa référence expresse aux traditions indiennes ne dissimule pas pour autant une forte influence du Sacre du printemps, elle n’en est pas moins représentative, par sa couleur si ce n’est par son ambition, d’une époque qui a aussi donné naissance aux Danses rituelles de Jolivet. Efficace à défaut d’être élégante, la battue de Jurjen Hempel, remplaçant Enrique Mazzola initialement annoncé, respecte l’essentiel, sans toutefois parvenir à conférer à ce bref poème symphonique tout son pouvoir incantatoire.


Villa-Lobos fait partie de ces artistes qu’on a progressivement oublié de célébrer malgré leur attachement à la France: année du Brésil ou pas, il faut donc, en 2005, continuer à faire preuve de la plus grande vigilance pour guetter la moindre de ses apparitions à l’affiche (1). Violoncelliste comme son père, il a écrit nombre de partitions tant chambristes que concertantes pour son instrument. Rareté parmi les raretés, son Premier «Grand» concerto (1915) n’est sans doute pas parfait, la plume toujours aussi généreuse se laissant porter, au fil de trois mouvements enchaînés, à des développements rhapsodiques et décousus, où la terre natale se perçoit de façon plus allusive qu’ouvertement folklorique. Desservi par une acoustique par ailleurs étonnamment satisfaisante mais hélas peu favorable à un dialogue équilibré avec l’orchestre, Jérôme Pernoo se fait cependant un avocat convaincu et convaincant d’une partie soliste quasiment ininterrompue et qu’il joue par cœur. Le choix de ses bis est idéalement complémentaire: une adaptation (abrégée) du deuxième mouvement (Prélude) des Premières Bachianas brasileirias (1930), simple et recueilli, puis, remontant au modèle, le Prélude de la Première suite de Bach, libre et aérien.


«Avec un peu d’Espagne autour», ainsi qu’on le chante dans L’Heure espagnole de Ravel, la seconde partie était consacrée à la vieille Europe, et plus particulièrement à deux musiciens venus, comme Villa-Lobos, trouver à Paris, autour de la Première Guerre mondiale, formation et notoriété, mais non moins inspirés par leurs racines.


Malheureusement privée de ses deux chants, la Suite de L’Amour sorcier (1915/1916) de Falla aurait en outre pu être plus électrisante et envoûtante, notamment ses deux pages les plus fameuses (Danse de la frayeur, Danse rituelle du feu). Mais le chef néerlandais se révèle plus à l’aise dans les épanchements lyriques (Romance du pêcheur, Les Cloches du matin), de même que dans les trois Danses fantastiques (1919) de Turina, qui bénéficient en outre d’une excellente prestation de l’orchestre, tant individuelle – parmi tant d’autres, la flûte d’Hélène Giraud ou la trompette de Nadine Schneider – que collective.


(1) A signaler, à Radio France le 15 octobre, l’ample cantate La Forêt d’Amazonie (1958).


Le site du Festival d’Ile-de-France



Simon Corley

 

 

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