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Le Petit conservatoire de Livia Rév Paris Institut hongrois 09/19/2005 -
Johann Sebastian Bach: Jésus que ma joie demeure
Edina Petö (piano)
Wolfgang Amadeus Mozart: Variations sur «Ah, vous dirai-je, maman», K. 300e [265]
Yumiko Yamagi (piano)
Maurice Ravel: Sonatine (extrait)
Ha Neul-Bit (piano)
Johann Sebastian Bach: Prélude et fugue en fa mineur, BWV 881
Witold Lutoslawski: Etude n° 1
Arpad Solti (piano)
Boris Liatochinski: Prélude, opus 44 n° 4
Dimitri Tchesnokov: Sonate (extrait)
Dimitri Tchesnokov (piano)
Leos Janacek: Dans les brumes (extrait)
Gabriel Fauré: Nocturne n° 2, opus 33 n° 2
Sarah Lavaud (piano)
Giuseppe Verdi: La Traviata (Premier acte, extrait)
Paulina Pasztircsak (soprano), Nora Füzi (piano)
Bientôt nonagénaire, Livia Rév n’oublie pas le pays qu’elle a quitté en 1945: c’est donc l’Institut hongrois – dans le cadre d’une saison musicale proposant, dans ou hors les murs, différentes manifestations musicales, dont celles de l’Association Arthèmes – qui l’accueillait pour un concert et une classe de maître, dont les étudiants se produisent ensuite en public. La pianiste française a organisé un savant crescendo des prestations de ses élèves d’un jour – qu’elle tance aussi vigoureusement qu’affectueusement, à la façon de Mireille en son Petit conservatoire – où l’on passe progressivement de la classe de maître à la (grande) classe des maîtres.
On oubliera donc les trois premières musiciennes de cette soirée: une Hongroise livrant une adaptation de Jésus que ma joie demeure de Bach au toucher sensible, mais entrecoupée d’accrocs, malgré un tempo assez lent, et dont l’expression semble se limiter à ralentir à la fin de chaque phrase; puis une Japonaise donnant des Variations sur «Ah, vous dirai-je, maman» (1778) de Mozart presque impeccables, dont le caractère lisse et mécanique, imperturbablement tenu, finit par constituer un tour de force; enfin, une Coréenne manquant de souplesse et de précision dans le Mouvement de menuet, au demeurant trop retenu, de la Sonatine (1905) de Ravel.
Du Hongrois Arpad Solti, on sera évidemment tenté de dire qu’il lui reste peut-être le plus difficile à accomplir: se faire un prénom… Mais c’est un interprète, avec ses partis pris et ses risques assumés, que l’on entend enfin, certes au prix d’une certaine dureté et d’un fort rubato dans le Prélude et fugue en fa mineur du Second livre (1744) du Clavier bien tempéré de Bach. Quant à la Première des deux Etudes (1941) de Lutoslawski, elle séduit par sa virtuosité et son engagement, même si l’on peut sans doute l’imaginer encore plus diabolique.
L’Ukrainien Dimitri Tchesnokov (vingt-trois ans) a d’abord choisi le Quatrième des cinq Préludes de l’opus 44 (1943) de son compatriote Boris Liatochinski. En contraste avec la neurasthénie – au demeurant remarquablement restituée – de cette musique, il présente ensuite le troisième mouvement de sa propre Sonate, salmigondis confus, halluciné et frénétique tenant du dernier Scriabine et de Nancarrow, noyant sous des flots de pédale force arpèges, gammes, trilles et accords répétés, mais qui a le mérite de révéler des capacités techniques indéniables. Un tempérament indéniablement original que l’on pourra retrouver Salle Cortot le 15 octobre prochain.
Citant Bruno Rigutto et François-René Duchâble parmi ses maîtres, Sarah Lavaud (vingt-trois ans) possède une forte personnalité, dont les bonnes intentions tournent parfois à une brusquerie un peu extérieure dans la dernière pièce de Dans les brumes (1912) de Janacek, mais qui fait preuve de davantage de nuances dans le Deuxième nocturne (1883) de Fauré, fin et superbement conduit, auquel un supplément d’âme n’aurait cependant pas nui. Son récital à l’Archipel le 6 octobre prochain ne s’en annonce pas moins prometteur.
De la Hongroise Paulina Pasztircsak, accompagnée de sa compatriote Nora Füzi dans la scène finale du Premier acte de La Traviata (1853) de Verdi, on ne retiendra que le soin apporté à la diction, tant sa tendance à énoncer plus qu’à chanter le texte et l’irrégularité de ses aigus paraissent par ailleurs rédhibitoires.
Le site de l’Institut hongrois
Simon Corley
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