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Porte ouverte

Paris
Maison de Radio France
09/16/2005 -  
Qigang Chen : L’Eloignement
Jacques Ibert : Concerto pour flûte
Edward Elgar : Variations «Enigma», opus 36

Emmanuel Pahud (flûte)
Orchestre philharmonique de Radio France, Leonard Slatkin (direction)


Quoi de neuf à Radio France? «Rien» serait une réponse injuste pour Jacques Taddei, directeur de la musique depuis janvier dernier, car on ne peut lui reprocher d’avoir reconduit, désormais sous le nom de «Concerts Porte ouverte» mais toujours avec le même succès public, les éclectiques week-ends de manifestations gratuites que son prédécesseur, René Koering, avait créés sous le nom de «Figures». Et c’est dans le cadre du premier de ces week-ends, intitulé «Musique et ouverture», que l’Orchestre philharmonique de Radio France, après des programmes Dutilleux à Turin et Beethoven à Bonn, respectivement sous la direction de Kazushi Ono et de Paul McCreesh, et avant de retrouver Myung-Whun Chung, son directeur musical, dès le 23 septembre prochain au Théâtre des Champs-Elysées, faisait sa rentrée parisienne.


Rentrée en deux temps, avec d’abord un programme court mais composite confié à Leonard Slatkin, directeur musical de l’Orchestre symphonique national de Washington depuis 1996, et, le lendemain, sous la baguette d’Armin Jordan, une version de concert de L’Isola disabitata de Haydn, annonçant une saison qui, évitant le lieu commun mozartien de cette année 2006, accordera notamment une place de choix au «père de la symphonie», et ce à quatre reprises, sous la baguette de Ton Koopman. Pour le reste, la variété des chefs (Pierre Boulez, Valery Gergiev, Tugan Sokhiev, …) et des solistes (Vadim Repin, Gil Shaham,Grigori Sokolov, …) promet des affiches stimulantes.


Vivant depuis une vingtaine d’années en France, dont il a d’ailleurs acquis la nationalité, Qigang Chen n’en conserve pas moins un fort attachement pour son pays d’origine, que traduit explicitement L’Eloignement (2003), commande de l’Orchestre de chambre de Stuttgart écrite pour un ensemble de cordes à dix-sept parties (chaque pupitre étant ici doublé, soit trente-quatre musiciens). D’une durée de seize minutes, l’œuvre se présente comme des variations sur un chant populaire, passant successivement de la nostalgie, avec le retour régulier du thème chinois, à une activité trépidante, dans la manière postbartokienne des années 1950, se concluant cependant de façon apaisée, dans l’aigu des harmoniques. Le propos affiche une ambition moins syncrétique que chez Tan Dun, comme si le titre de la mélodie («Partir au-delà des gorges de l’ouest») sur laquelle est fondée cette pièce – que les mêmes interprètes vont enregistrer chez Virgin dans le cadre d’un disque monographique à paraître d’ici la fin de l’année – pouvait également s’interpréter comme une image de l’occidentalisation de l’écriture.


C’est avec le Concerto (1933) d’Ibert que Magali Mosnier, première flûte solo du «Philhar’» s’est imposée, voici un an, en finale du Concours de l’ARD (Munich). Avant de se produire, le 12 mai prochain, en soliste du Premier concerto de Mozart, c’est de l’intérieur de l’orchestre qu’elle a pu observer Emmanuel Pahud, son alter ego à la Philharmonie de Berlin, tirer parti de ce concerto virtuose, hélas l’une des rares partitions du compositeur français à demeurer au répertoire, pour mettre en valeur une sonorité veloutée, un beau legato mais aussi une puissance impressionnante. Initialement inscrit au programme de ce concert, l’Andante K. 315 (1778) de Mozart – version alternative du mouvement lent de son Premier concerto pour flûte – réapparaît en bis, avec une cadence débutant par un clin d’œil à la flûte enchantée de Tamino.


Une hirondelle ne fait pas le printemps, mais la présence, en seconde partie, des Variations «Enigma» (1899) prélude, en réalité, à un exceptionnel millésime parisien pour Elgar, dont on pourra en effet entendre par ailleurs, toujours à Radio France, la Troisième symphonie (5 novembre) puis le Concerto pour violoncelle (27 janvier). Sauf erreur, la dernière audition des Enigma dans la capitale remonte à avril 1999, ce qui n’est pas la moindre des énigmes de cet increvable cheval de bataille, dont le triomphe ne s’est jamais démenti outre-Manche et qui évoque, par son cryptage et son arrière-plan personnel, le Kammerkonzert ou la Suite lyrique de Berg. Mais que faut-il encore espérer lorsque l’on constate qu’un autre Britannique, Vaughan Williams, est encore moins bien traité sous nos latitudes, alors qu’il figure sans doute parmi les dix symphonistes les plus importants du siècle dernier? Efficace et visiblement très apprécié des musiciens, Slatkin fait ressortir les couleurs d’une orchestration superbe, parfois de facture brahmsienne, sans exagération de pathos dans Nimrod, la célèbre variation centrale.


Le site de l’Orchestre philharmonique de Radio France



Simon Corley

 

 

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