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Dernier tango à Mogador

Paris
Théâtre Mogador
09/14/2005 -  et 15 septembre 2005
Serge Rachmaninov : Concerto pour piano n° 2, opus 18
Gustav Mahler : Symphonie n° 5

Lang Lang (piano)
Orchestre de Paris, Christoph Eschenbach (direction)


Pour son ultime saison avant de retourner dans une Salle Pleyel rénovée, l’Orchestre de Paris se partagera, pour l’essentiel, entre le Théâtre Mogador, comme l’habitude en a été prise depuis septembre 2002, mais aussi la fosse du Théâtre du Châtelet, où la formation contribuera au Ring mis en scène par Robert Wilson (le cycle complet sera présenté à six reprises entre octobre et avril prochains). S’agissant de l’aspect traditionnellement symphonique, au-delà des inévitables concessions aux anniversaires (Mozart, Chostakovitch), il convient de relever de belles affiches tant en solistes (Braley, Kremer, Lupu, Mork, Paik, Vengerov) qu’en chefs (Boulez, P. Järvi, Sado, Salonen, Vänskä).


C’est donc Mogador qui accueillait la rentrée de Christoph Eschenbach et de ses musiciens, dans un programme chronologiquement homogène et extrêmement copieux, où l’on retrouvait d’abord Lang Lang dans le Deuxième concerto pour piano (1901) de Rachmaninov. Le style exubérant et ludique du jeune Chinois, que le directeur musical de l’Orchestre de Paris avait déjà invité en juin 2004 pour un Quatrième concerto de Beethoven assez discutable (voir ici), paraît toutefois plus en situation chez le compositeur russe. L’auditeur pourra certes préférer fermer les yeux afin d’échapper à ses mimiques tour à tour pâmées, extatiques et satisfaites, même lorsqu’il ne joue pas, et de se concentrer sur sa technique impeccable, malgré un Steinway à la résonance bien étrange. Quant à l’interprétation, tout en se montrant indéniablement très travaillée, elle privilégie sans surprise le rubato sur la rigueur, avec une tendance à souligner les effets et à exagérer les contrastes de tempi. Parfois extérieure et maniérée mais indéniablement distrayante, cette approche trouve en Eschenbach, qui avait déjà accompagné dans cette œuvre un autre de ses pianistes favoris, Tzimon Barto, en avril 2003 (voir ici), un partenaire parfaitement complice.


Cette complicité se prolonge dans un bref quatre mains, pour lequel le premier violon solo, Roland Daugareil, se transforme en tourneur de pages: le Menuet de la Petite suite (1889) de Debussy est hélas totalement désarticulé par une allure générale très retenue et par un parti pris résolument décoratif. Beaucoup moins inattendu par son choix, le second bis l’est bien davantage en ce qu’il révèle un Lang Lang capable d’une véritable réserve et, à tout le moins, d’une infinie délicatesse dans ce Nocturne en ut dièse mineur opus posthume (1830) de Chopin, dont la tonalité annonce celle du premier mouvement de la Cinquième symphonie (1902) de Mahler.


Tout juste sortie d’une intégrale Mahler – celle de Chung et de l’Orchestre philharmonique de Radio France – la capitale se remet donc d’emblée à la Cinquième (1), qu’Eschenbach, pour sa part, avait déjà choisie pour l’une de ses premières apparitions avec l’Orchestre de Paris, en septembre 1999, et qu’il dirige par cœur. Pourtant globalement plus rapide que Haitink, auteur d’une prestation qui reste encore gravée dans toutes les mémoires (voir ici), il semble trop souvent se perdre dans des ralentis expressifs très appuyés et dans le souci de peaufiner certaines pages, où un sort est fait au moindre phrasé, à la moindre note. Dès lors, même si la réalisation demeure superbe tant en termes de sonorité que de précision, le discours s’enlise, le fil se perd dans cette tendance à surligner certains détails, à mettre en valeur ces moments où le tempo se fait plus lent, comme pour les isoler au sein de la partition. Cela étant, les sections vives claquent de façon tout à fait convaincante et les bourrasques orchestrales s’abattent sur un public manifestement ravi, saluant en même temps une qualité instrumentale qui se maintient à un niveau très élevé, à commencer par le cor rustique à souhait de Michel Garcin-Marrou et la trompette riche en couleurs et nuances de Frédéric Mellardi.


(1) On pourra par ailleurs entendre la Quatrième à Bastille dès le 21 septembre (puis à nouveau le 14 janvier chez Pasdeloup et le 27 avril sous la direction d’Abbado), la Sixième en octobre, la Deuxième en juin à Saint-Denis et la Première en juillet, tandis que Le Chant de la terre sera donné deux fois (octobre et juin). Pour l’agenda de ces concerts, on peut se reporter utilement à cette sélection.


Le site de l’Orchestre de Paris



Simon Corley

 

 

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