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Le moi n’est pas haïssable

Paris
Salle Pleyel
05/15/2000 -  
Sofia Goubaïdoulina : Concerto pour alto
Richard Strauss : Ein Heldenleben, opus 40

Youri Bashmet (alto)
Orchestre symphonique de la Radio (WDR) de Cologne, Semyon Bychkov (direction)

Balcons fermés, quatre cents spectateurs, au plus, à l’orchestre, rarement la venue d’une phalange européenne aura attiré aussi peu de public à Pleyel. S’il n’est certes pas d’usage qu’une formation en tournée consacre la première partie d’un concert à une œuvre fraîchement composée, la présence de Bashmet et de Bychkov aurait dû suffire à retenir l’attention. Mais il est vrai qu’au cours du mois de mai, les Parisiens auront pu bénéficier successivement de la venue d’Ozawa, Berglund, Maazel, Sawallisch et Previn.


L’association de Goubaïdoulina et de Strauss dans une même soirée peut surprendre. Mais au-delà d’un évident contraste de style, les deux compositeurs se rejoignent dans une vigoureuse affirmation de leur personnalité au travers de leur musique.


Le Concerto pour alto (1997, et non 1977 comme l’indique à tort la notice de la soirée), bloc d’une durée de près de trente minutes, illustre on ne peut mieux les principales caractéristiques de la manière de Goubaïdoulina: cinq ou six brèves cellules mélodiques répétées ou légèrement modifiées, parfois combinées; un langage dépouillé, jouant avec le silence, qui évoque Chostakovitch, Schnittke, Silvestrov ou Kancheli; une tonalité généralement méditative, sinon sombre; une grande économie de moyens, malgré un effectif orchestral très étendu, incluant piano, clavecin et tuben wagnériens. Sans surprise aucune, Bashmet, qui a créé cette partition avec l’Orchestre symphonique de Chicago et Nagano, s’y montre impérial, à la fois rigoureux, expressif et engagé. Soutenu par un Bychkov dirigeant à mains nues des musiciens très attentifs, parmi lesquels les cordes graves solistes (alto, violoncelle, contrebasse) jouent un important rôle concertant, l’altiste russe démontre, outre une sonorité presque trop somptueuse, une capacité exceptionnelle à varier les nuances, depuis le presque inaudible jusqu’à la lutte avec l’orchestre.


Dans Une Vie de héros (1898), l’orchestre montre de réelles qualités, notamment un beau pupitre de contrebasses, même si les attaques manquent parfois de tranchant. En revanche, Bychkov ne semble pas très convaincu : les thèmes ne ressortent pas bien et, surtout, la conception d’ensemble est trop sage, brouillonne, peu imaginative et dépourvue de fantaisie. Le résultat est sans doute spectaculaire, ici ou là, mais globalement terne, ce qui est un comble pour ce poème symphonique, immense démonstration de virtuosité orchestrale, d’énergie et de lyrisme. Bien d’autres chefs (Reiner, Barbirolli, Kempe) ont su prendre à leur compte cette partition parfaitement mégalomane; encore faut-il y croire un minimum.


En bis, si la Deuxième des Danses slaves de l’opus 72 (1886/1887) de Dvorak est trop chargée d’intentions, le Prélude à l’acte III de Lohengrin (1848) de Wagner permet de conclure le concert avec une belle conviction et une sonorité éclatante.



Simon Corley

 

 

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