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Un Fidelio qui secoue les consciences

Geneva
Grand Théâtre
06/14/2005 -  et les 16, 19, 21, 23, 26 et 28 juin 2005

Ludwig van Beethoven: Fidelio


Clive Bayley (Don Fernando), Eike Wilm Schulte (Don Pizarro), Kim Begley (Florestan), Lisa Livingstone (Leonore), Duccio Dal Monte (Rocco), Regina Klepper (Marzelline), Peter Marsh (Jaquino)


Chœurs du Grand Théâtre de Genève (Ching-Lien Wu, préparation), Orchestre de la Suisse Romande, Woldemar Nelsson (direction musicale), Stein Winge (mise en scène)


Coproduction avec l’Opéra de Leipzig, Den Norske Opera (Oslo) et le Theater Erfurt



Le rideau du Grand Théâtre de Genève s’ouvre sur ce qui pourrait ressembler à la pièce centrale d’une entreprise moderne quelconque (décors de Kari Gravklev), grand espace froid qui fait office à la fois de réfectoire et de centre de tri du courrier, et donnant sur une cuisine, un vestiaire et des toilettes. Des caméras suspendues au plafond surveillent les faits et gestes de chacun. Des employés en uniforme prennent leur café, d’autres vaquent à diverses occupations. Des femmes voilées viennent chercher des lettres et des paquets. Marzelline repousse les avances de Jaquino mais ne se prive pas de pincer quelques fesses masculines. Ce n’est qu’avec l’arrivée des premiers prisonniers que le décor est définitivement planté, rappelant qu’on ne se trouve pas n’importe où. Deux cents ans après sa création, l’unique opéra de Beethoven continue de dérouter par son mélange de comique et de tragique, de scènes de ménage frivoles et d’appels solennels à la liberté. Le metteur en scène, Stein Winge, a accentué le dilemme par son souci des détails réalistes et a opté, comme déjà dit, pour une transposition moderne, soulignée aussi par la présence, parmi les prisonniers, de plusieurs musulmans, en référence peut-être à Guantanamo. A la fin de l’ouvrage, les choristes apparaissent sur un plateau totalement dénudé, dans de grands t-shirts blancs à l’effigie chacun d’un détenu politique célèbre, dont notamment Aung San Suu Kyi, la résistante birmane qui vient de fêter ses 60 ans. Un spectacle en plein dans l’actualité donc, qui secoue les consciences.


La distribution, au contraire, n’impressionne guère, à une notable exception près. Le plateau vocal est en effet dominé par l’incroyable composition d’Eike Wilm Schulte, qui incarne un Pizarro violent, autoritaire et méprisant, tyran d’autant plus effrayant qu’il est en chaise roulante. Sa performance vocale, d’un aplomb époustouflant et servie par une diction irréprochable, est à la hauteur de son personnage et restera longtemps gravée dans les mémoires. A côté de lui, les autres solistes font bien pâle figure: Kim Begley est manifestement dépassé par la tessiture, meurtrière il est vrai, de Florestan et Lisa Livingstone n’a pas encore la maturité vocale requise pour chanter Leonore, un rôle terrible lui aussi. Regina Klepper campe une Marzelline enjouée et expressive, alors que Duccio Dal Monte exploite avec subtilité les ambivalences de Rocco. Et pour cette dernière production de la saison, le Chœur du Grand Théâtre a fait preuve d’une forme éblouissante, au diapason de l’Orchestre de la Suisse Romande dirigé par Woldemar Nelsson.




Claudio Poloni

 

 

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