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Tristes trios

Paris
Auvers-sur-Oise (Eglise Notre-Dame)
06/16/2005 -  
Serge Rachmaninov : Trio élégiaque n° 2, opus 9
Dimitri Chostakovitch : Trio avec piano n° 2, opus 67

Dimitri Makhtin (violon), Alexander Kniazev (violoncelle), Boris Berezovsky (piano)


Pour sa vingt-cinquième édition, qui se tient du 19 mai au 1er juillet, le Festival d’Auvers-sur-Oise propose quinze concerts (mais aussi des animations, rencontres, conférences ou films) dans un cadre privilégié, celui de l’église immortalisée par Van Gogh (mais aussi à Méry-sur-Oise ou à Pontoise), et autour d’une thématique renouvelée d’une année sur l’autre: ainsi, après Mozart, Shanghai et Escaich en 2004, cet opus 25 est centré sur Pascal Dusapin et, dans cette région où la peinture a toujours son mot à dire, Robert Combas.


C’est dans ce cadre que Dimitri Makhtin, Alexander Kniazev et Boris Berezovsky proposaient un concert qui devait débuter par le Trio Rombach de Dusapin: juste avant l’entrée en scène des artistes, on apprenait cependant qu’ils se limiteraient aux deux autres trios qui étaient initialement prévus. Au regret de voir ce programme certes très copieux amputé de sa partie consacrée au compositeur vedette du festival venait s’ajouter le désagréable pressentiment que le trio russe n’allait pas forcer son talent, se contentant d’une soirée 100% russe et… promotionnelle, consacrée précisément aux deux œuvres qu’ils viennent en effet de graver pour Warner classics.


D’emblée, le démenti fut heureusement des plus évidents, avec un Second trio élégiaque (1893) de Rachmaninov servi par une miraculeuse économie de moyens: loin de tout débordement larmoyant, cette odyssée de près de cinquante-cinq minutes se déroule de part en part dans une retenue et une sobriété qui confinent parfois même à l’hypnose ou à la neurasthénie, évoquant également, sous ces arches qui abritent notamment une icône, Bruckner ou, à tout le moins, une méditation de caractère religieux. Ces trois personnalités aussi fortes que différentes se rejoignent sans peine dans un même esprit: autour d’un Berezovsky conjuguant dépouillement expressif et souci des couleurs, notamment dans l’imposant énoncé du thème des Quasi variazione, Makhtin et Kniazev ne renoncent pas pour autant au legato et au portamento expressifs.


De même que Rachmaninov avait conçu son Trio à la mémoire de Tchaïkovski, Chostakovitch, un demi-siècle plus tard, a écrit son Second trio (1944) sous le coup de la disparition de son ami musicologue Ivan Ivanovich Sollertinsky. Les musiciens ne changent pas fondamentalement d’approche, évitant de surcharger les aspects dramatiques ou grinçants du texte: si le violoncelle de Kniazev se fait certes ici plus envahissant et excessif, Berezovsky demeure dans une distance intimidante tandis que Makhtin conserve une superbe qualité instrumentale.


Le site du Festival d’Auvers-sur-Oise



Simon Corley

 

 

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