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Le rhume et la diva

Paris
Théâtre du Châtelet
06/07/2005 -  et 10 juin 2005 (Toulouse)
Giacomo Puccini : E l’uccellino – Terra e mare – Sole e amore – Storiella d’amore – Morire?
Toivo Kuula : Kesäyö kirkkomaalla, opus 6 n° 1 – Marjatan laulu, opus 8 n° 2 – Tuijotin tulehen kauan, opus 2 n° 2 – Sinipiika, opus 23 n° 1 – Epilogi, opus 6 n° 2
Gustav Mahler : Ablösung im Sommer – Ich ging mit Lust – Nicht wiedersehen! – Scheiden und Meiden
Richard Strauss : Zueignung, opus 10 n° 1 – Allerseelen, opus 10 n° 8 – Ständchen, opus 17 n° 2 – Schön sind, doch kalt die Himmelsterne, opus 19 n° 3 – Wie sollten wir geheim sie halten, opus 19 n° 4

Karita Mattila (soprano), Malcolm Martineau (piano)


Après avoir triomphé dans le rôle-titre d’Arabella (voir ici), Karita Mattila revenait au Châtelet pour un récital avec Malcolm Martineau. «J’aime les mélodies tristes»: la soprano finlandaise a elle-même parfaitement caractérisé un programme privilégiant assez souvent une couleur mélancolique, en même temps qu’original et sans concession, à la cohérence plus chronologique (1883-1918) que géographique (Italie, Finlande, Autriche, Allemagne).


La première partie opposait ainsi le sud au nord, avec d’abord cinq des mélodies de Puccini: rares aussi bien par leur nombre que par leur renommée, on y reconnaît cependant d’autant mieux le compositeur qu’il en a parfois réutilisé certaines dans ses opéras. Brèves et sans prétention, E l’uccellino (1899), Terra e mare (1902) et Sole e amore (1888) appellent probablement une voix plus légère, mais dans Storiella d’amore (1883) et, surtout, Morire? (1918), on admire déjà son aisance sur l’ensemble de la tessiture ainsi qu’un art consommé du phrasé.


De même qu’Anne Sofie von Otter avait choisi de faire découvrir en novembre dernier au public du Châtelet ses compatriotes Stenhammar et Rangström (voir ici), Karita Mattila a sélectionné cinq mélodies du Finlandais Toivo Kuula (1883-1918). Sa puissance s’épanouit plus aisément dans le registre souvent sombre d’une musique qui exhale tour à tour des parfums wagnériens (Nuit d’été au cimetière, 1907), populaires (Chanson de Marjatta, 1908), postromantiques (La Vierge de la forêt, 1907) ou même straussiens (Epilogue, 1912) culminant toutefois dans le poignant Longtemps je contemplai le feu (1907).


Une tenue claire ayant succédé à la robe noire, la seconde partie de la soirée s’acheminait vers un répertoire nettement plus familier, débutant par quatre extraits de la première série de lieder inspirés à Mahler par des poèmes extraits du Knaben Wunderhorn. Trop interprété, Ablösung im Sommer (1890) laisse heureusement la place à Ich ging mit Lust (1890) et à Nicht wiedersehen! (1890), capiteux à souhait, puis à la vaillance de Scheiden und Meiden (1889).


Dire que Mattila aura enfin véritablement rayonné dans cinq lieder de Richard Strauss ne surprendra personne: somptueuse comme il se doit dans Zueignung (1885), elle poursuit par un Allerseelen (1885) tout en nuances. La plénitude de ses moyens vocaux trouve idéalement à s’exprimer dans Ständchen (1887) puis dans Schön sind, doch kalt die Himmelsterne (1888), rendant justice, pour conclure, à l’exaltation de Wie sollten wir geheim sie halten (1888).


C’est seulement au moment des rappels que Mattila avoue souffrir d’un «rhume»: coquetterie de diva, car nombreux sont ceux ou celles qui se satisferaient déjà d’avoir offert une telle prestation? Pas nécessairement, si l’on songe rétrospectivement à une certaine prudence, à ces larmes furtivement écrasées entre deux mélodies et à ces manifestations inhabituellement démonstratives à l’égard de son pianiste, traduisant sans doute autant un soulagement qu’un défi emporté sur l’adversité. Elle se contentera dès lors d’un seul bis, Quand ma vieille mère, quatrième des Chants tsiganes (1880) de Dvorak.



Simon Corley

 

 

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