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Cabotinage et charisme

Paris
Salle Pleyel
05/10/2000 -  
Johannes Brahms : Symphonie n° 1, opus 68
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Variations sur un thème rococo, opus 33
Igor Stravinski : L’Oiseau de feu (suite, 1919)

Han-Na Chang (violoncelle)
Orchestre de Paris, Lorin Maazel (direction)

Lorin Maazel, qui a fêté ses soixante-dix ans en mars dernier, donne une série de concerts à Paris. Mais ce n’est ni avec son Orchestre symphonique de la Radio bavaroise, ni à la tête de l’Orchestre national, dont il fut responsable, sous des appellations diverses (" premier chef ", " directeur musical ", etc…) de 1977 à 1990 (période sur laquelle la biographie jointe au programme observe un étrange silence). C’est en effet l’Orchestre de Paris, une fois de plus en excellente forme, qui lui rend cet hommage au travers deux séries de deux concerts intitulées " Bon anniversaire maestro ", l’une d’entre elles étant d’ailleurs consacrée à ses compositions.

La soirée du 10 mai était placée sous le signe du recueillement, après le décès subit, à l’âge de 38 ans, de René Guillamot, premier hautbois solo, qui interprétait encore, il y a seulement un mois, le Concerto de Richard Strauss sous la direction de Frühbeck de Burgos.

On n’attend la 1ère Symphonie de Brahms ni en début de concert, ni sans doute sous la baguette de Maazel, mais l’expérience ne manque pas d’intérêt. Dans cette oeuvre fétiche de l’Orchestre de Paris, le chef américain obtient des musiciens une sonorité somptueuse - notamment des cordes -, parfois même ronflante, pétaradante, clinquante ou spectaculaire. S’il sait faire preuve ici ou là d’énergie, voire de violence, il ne fait ressortir ni la tension très beethovenienne de cette partition, ni la progression des idées. Le recours à des tempi généralement retenus, non exempts de fluctuations et de ralentis inattendus, donne même parfois une impression statique, figée.

Aéré, malgré l’importance de l’effectif orchestral (bois doublés), précis, clair, voire démonstratif et appuyé, subjectif mais presque toujours de bon goût, Maazel se concentre sur le détail plutôt que sur la conception d’ensemble, ce qui offre une succession d’épisodes souvent réussis. Plutôt qu’une vision organique, rigoureuse et réfléchie, cette lecture personnelle, hyperromantique, un rien sirupeuse, privilégie donc l’instant, la générosité et le plaisir de faire de la belle musique.

Composées la même année que la symphonie de Brahms, les Variations rococo de Tchaïkovski permettent, comme il se doit, à Han-Na Chang de faire étalage de ses multiples talents : puissance, autorité, virtuosité, perfection dans les aigus, grande variété de jeu, depuis le murmure jusqu’à la brutalité. Mais la violoncelliste coréenne, âgée de dix-sept ans, qu’on aimerait entendre dans des partitions moins uniment décoratives, sait aussi faire preuve d’expressivité et d’élégance, bien soutenue en ce sens par Maazel qui conduit un orchestre réduit de moitié.

Fantasque dans Brahms, Maazel est curieusement plus réservé dans la suite de L’Oiseau de feu de Stravinski. Nulle esbroufe dans cette interprétation, mais une poésie et une coloration très " françaises ", qui évoque Debussy ou Ravel. Bien entendu, la Danse infernale et le Finale ne font pas dans la dentelle, mais dans une approche au premier degré, parfaitement recevable, cette musique se prête à merveille à de grands effets orchestraux.

La Salle Pleyel, copieusement remplie, en redemande. L’orchestre aussi. Vous avez dit " charisme " ?



Simon Corley

 

 

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