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Générosité

Paris
Musée d'Orsay
04/14/2005 -  
Johannes Brahms : Sonate pour violoncelle n° 2, opus 99 – Sapphische Ode, opus 94 n° 4 – Wie Melodien zieht es mir, opus 105 n° 1 – Denn es gehet dem Menschen wie dem Vieh, opus 121 n° 1
Gabriel Fauré : Après un rêve, opus 7 n° 1 – Tristesse, opus 6 n° 2 – Au bord de l’eau, opus 8 n° 1 – Les Berceaux, opus 23 n° 1 – Sonate pour violoncelle n° 2, opus 117

Mischa Maisky (violoncelle), Itamar Golan (piano)


Avant d’accueillir Emmanuelle Bertrand les 31 mai et 2 juin prochains, le Musée d’Orsay propose deux soirées rapprochant fort opportunément Brahms et Fauré, autour de Mischa Maisky et Itamar Golan: tous deux originaires des pays baltes, respectivement de Riga et de Vilnius, et ayant ensuite rejoint Israël, ils seront associés le 19 avril, après ce récital, à Daishin Kajimoto et à Gérard Caussé pour le Deuxième quatuor avec piano de Brahms et le Second quatuor avec piano de Fauré. Et, dans ce «Cycle violoncelle», les concerts – c’est heureux ainsi – se suivent mais ne se ressemblent pas: après la réserve et la finesse de Miklos Perényi le mois dernier (voir ici), Maisky, né la même année (1948) que son confrère hongrois, cultive un tout autre style. Tignasse bouclée et barbiche grisonnantes, il n’est pas pour rien l’un des partenaires d’élection de Martha Argerich, avec laquelle il partage un tempérament pour le moins bouillonnant.


Car avec lui, c’est un corps à corps avec l’instrument, sur lequel il se jette sans attendre la fin des applaudissements qui saluent son entrée en scène, frappant du pied, soufflant et s’épongeant régulièrement comme un boxeur entre deux rounds. Cette générosité désarmante, sacrifiant la précision à un élan infatigable, empoigne le spectateur dès la Seconde sonate (1886) de Brahms: tempi vifs, attaques percussives, notes arrachées ou écrasées, vibrato gigantesque, jusque dans les pizzicati, lyrisme ample, l’ouragan balaie tout sur son passage, y compris le dialogue avec le pianiste et les demi teintes que l’on prête d’ordinaire à la partition.


C’est ensuite un bouquet d’arrangements de lieder de Brahms et de mélodies de Fauré qui tenait lieu d’interlude de part et d’autre de l’entracte. Un tel choix peut étonner, compte tenu de l’ampleur du répertoire dévolu au violoncelle, mais après tout, Brahms n’a-t-il pas lui-même puisé dans son propre Regenlied l’un des thèmes de sa Première sonate pour violon? Maisky a choisi Sapphische Ode (1884) et Wie Melodien zieht es mir (1886), contemporains de la Seconde sonate, où il peut laisser libre cours à des phrasés chaleureux, mais surtout le premier des Quatre chants sérieux (1896), où le violoncelle se substitue aisément à la voix de basse.


En seconde partie, le romantisme flamboyant et les larges épanchements n’ont sans doute plus grand-chose à voir avec Fauré dans Après un rêve (1878), Tristesse (1873) et Au bord de l’eau (1875), mais il est difficile de rester insensible à cette sonorité d’airain, quoique parfois un peu resserrée dans le medium. Seuls Les Berceaux (1879) ramènent enfin un tant soit peu de dépouillement et d’intériorité. Passionnée et exubérante, virile et allante, la Seconde sonate (1921) conclut aux antipodes d’un Fauré nuancé, fragile ou éthéré. Maisky rend certes justice au flux mélodique inlassable de la partition, mais au prix d’un survoltage constant, qui ne favorise pas toujours l’intelligibilité du texte.


Maisky sera généreux jusque dans ses bis, pas moins de trois transcriptions, dont Beau soir (1878) de Debussy, avec sourdine mais non sans langueur, et l’Elégie (1875) de Massenet, dont le compositeur effectua lui-même moult adaptations.



Simon Corley

 

 

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