Back
Cordes et piano romantiques Paris Théâtre Mogador 04/05/2005 - Felix Mendelssohn : Sextuor, opus 110 (#)
Mikhaïl Glinka: Sextuor «Gran sestetto originale» (*)
Georges Onslow: Grand quintette avec piano «Le Coup de vent», opus 76 (+)
Sang-Mee Huh (* +), Hyo-Kyung Kim (# *) (violon), Caroline Donin (# *), Hélène Coloigner (# +) (alto), José Alberto Araujo (# *), Jung-Ran Lee (+) (violoncelle), Jérémie Decottignies (contrebasse), Daria Hovora (piano)
Parmi les nombreuses activités proposées par l’Académie de l’Orchestre de Paris, les stagiaires issus de chacun des deux conservatoires nationaux de la capitale sont invités à se produire à Mogador en formation de chambre. Après la classe de Paul Meyer et Eric Le Sage au Conservatoire national de région (CNR – Conservatoire supérieur de Paris) le 8 mars dernier dans C. Schumann et Brahms (voir ici), c’était ainsi le tour des élèves du Conservatoire national supérieur de musique et de danse (CNSMDP) avec Daria Hovora, qui y enseigne depuis 1996. Tout aussi romantique, le choix des œuvres était indéniablement plus aventureux, contraignant par ailleurs la pianiste à se débattre tant bien que mal, tout au long de la soirée, avec des parties redoutablement virtuoses.
Malgré un numéro d’opus élevé tenant à sa publication posthume, le Sextuor (1824) de Mendelssohn remonte en réalité à ses quinze ans. La formation retenue par le compositeur, dont la saison en cours permet décidément de découvrir toute la musique de chambre, associe le piano – auquel est conféré un rôle prépondérant, quasi concertant – et cinq cordes distribuées d’une manière très inhabituelle: violon, deux altos, violoncelle et contrebasse. Si l’Allegro vivace initial semble parfois un rien bavard, l’Adagio offre de fort belles couleurs, tandis que le Menuetto (en fait un Scherzo) consiste en un bref et sombre Agitato en mineur, dont le thème réapparaît en conclusion de l’Allegro vivace final, créant un effet dramatique assez inattendu. L’équilibre entre piano et cordes ne semble pas toujours idéal – mais peut-être est-ce également dû à une écriture qui les oppose de façon quelque peu sommaire – d’autant que le violon, au demeurant pas toujours très exact, prend trop souvent le dessus par rapport au premier alto, qui peine à ressortir de l’ensemble.
D’esprit voisin, quoique sans doute plus superficiel, le Sextuor (1832) de Glinka, baptisé Gran sestetto originale, fait appel au piano et au quintette à cordes (deux violons, alto, violoncelle et contrebasse). Si ce dernier y est moins confiné à un rôle d’accompagnement, la partition ménage quelques solos de piano et, pour le reste, se contente de le faire dialoguer avec quelques solistes (violon, alto, violoncelle), notamment dans l’Andante central, au caractère de nocturne.
Le programme initialement annoncé devait s’arrêter là, mais il comportait en fait une seconde partie fort bienvenue, avec le Grand (lui aussi) Quintette «Le Coup de vent» (1849) de Georges Onslow qui, bien que surtout réputé pour ses quintettes à cordes, n’en a pas moins laissé trois quintettes avec piano destinés au même effectif que La Truite de Schubert. Malgré quelques formules convenues, Onslow, ne serait-ce qu’au regard des déséquilibres dont souffrent les deux sextuors précédemment entendus, y fait preuve d’une conception plus exigeante de la musique de chambre, ne négligeant aucun instrument et s’astreignant à un travail contrapuntique plus approfondi, de telle sorte que la cohésion obtenue par les jeunes musiciens et leur professeur paraît de bien meilleur aloi. Particulièrement ambitieux, avec son Largo introductif, ses harmonies recherchées et ses silences, l’Allegro initial est suivi d’un Scherzo (Allegro vivace) aux modulations inventives, qui ne le cède en rien à Schubert ou à Mendelssohn et qui est interrompu à deux reprises par un Trio. Après le lyrisme de l’Andantino molto cantabile, qui met en valeur le violoncelle, c’est l’Allegro animato final qui justifie le sous-titre de ce quintette, s’inscrivant ainsi dans une longue liste d’évocations musicales des tempêtes et autres orages, même si l’amabilité du propos suggère ici davantage Unter Donner und Blitz que la Symphonie «Pastorale».
Simon Corley
|