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Retrouvailles Paris Théâtre des Champs-Elysées 04/01/2005 - Gustav Mahler : Symphonie n° 6
Orchestre philharmonique de Radio France, Myung-Whun Chung (direction)
Le sixième volet de l’intégrale Mahler présentée cette saison par l’Orchestre philharmonique de Radio France et son directeur musical, Myung-Whun Chung a, une fois de plus, rencontré un beau succès public, avec un Théâtre des Champs-Elysées complet, où l’on pouvait relever notamment la présence d’un ancien Premier ministre, d’un ancien ministre de l’économie et d’un ancien président de l’Opéra national de Paris. On pourra sans doute discuter sur le point de savoir si cette entreprise avait jusqu’alors tenu toutes ses promesses, mais il sera difficile de contester la réussite atteinte dans la Sixième symphonie (1904). Une telle qualité d’écoute tout au long du concert – pour une fois, les tousseurs étaient manifestement restés chez eux – trompe d’ailleurs rarement, saluant de bien réjouissantes retrouvailles mahlériennes.
Une Sixième au grand complet – avec la reprise du premier mouvement, le Scherzo en deuxième position et les trois coups de marteau du mouvement final – restituée dans toute sa splendeur intimidante, grâce à une intelligence dramatique de tous les instants, et dont l’intérêt a paru aller croissant. Après un Allegro energico, ma non troppo lent (près de vingt-cinq minutes), au premier thème délibérément appuyé mais au second thème animé par une belle respiration, le Scherzo frappe par un tempo vif et de forts contrastes, avec une alternance de déferlements tempétueux et de répits bucoliques caractérisant parfaitement ses épisodes successifs. Souple et suave, l’Andante moderato rappelle le climat de l’Adagietto de la Cinquième. Tour à tour fantomatique et terrifiant, le mouvement final, entamé comme dans une sorte de Songe d’une nuit de sabbat, déchaîne les cataclysmes attendus, avant de s’effilocher, après l’ultime coup de marteau, dans des sonorités livides et hébétées.
Spectaculaire sans jamais verser dans l’effet gratuit, Chung se contente de laisser parler la partition et fignole les couleurs instrumentales tout en construisant de vastes arches. Toujours maîtrisé, l’effectif gigantesque (bois par cinq, neuf cors, six trompettes, quatre trombones, tuba, deux harpes, célesta, percussion et soixante-huit cordes) ne constitue jamais le prétexte à une surenchère de décibels. L’ensemble tient grâce à un travail collectif exemplaire, avec un «Philhar’» en pleine santé, livrant, malgré l’importante prise de risque inhérente à la conception du chef, une prestation quasiment irréprochable.
Simon Corley
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