About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Bacri fait son cinéma

Paris
L'Archipel
03/19/2005 -  
Nicolas Bacri : Night music, opus 73 – Suite pour violoncelle n° 5 «Sonata variata», opus 70b – Sonate pour violoncelle et piano, opus 32 – Elégie pour violoncelle et piano, opus 75b – Sonata da camera pour violoncelle et piano, opus 67

Julien Hervé (clarinette), Clémentine Meyer (violoncelle), Thomas Valverde (piano)


L’Archipel est un cinéma où l’on pourrait donc s’attendre à voir Jean-Pierre Bacri, mais comme Pierre Dyens a pris le parti d’y organiser des activités musicales, c’était Nicolas Bacri qui présentait une heure de musique autour de certaines de ses œuvres pour violoncelle.


Les pièces pour clarinette et violoncelle demeurent relativement rares, même si l’on peut notamment relever, dans la période récente, les onze Duos pour Prades de Suzanne Giraud. «Invité surprise», Julien Hervé se joint à la vedette de la soirée, Clémentine Meyer, pour donner Night music (2001), un bref triptyque (huit minutes) dont la couleur très sombre ne surprendra pas, puisqu’il fut inspiré par le décès subit d’une élève de son dédicataire, le clarinettiste Charles Neidich. De l’Elegy à la Lullaby, on ne quitte la déploration que pour un Scherzo aux allures de danse macabre, lui même interrompu par un Trio marqué Lentissimo funebre.


Dédiée à Clémentine Meyer, la Cinquième suite pour violoncelle (2000-2001) résulte de l’adaptation d’une Sonata variata pour alto. S’y succèdent en dix minutes un Preludio («sorte de menuet») dont l’ironie rappelle Chostakovitch, une Toccata rustica («sorte de scherzo») véloce et violente et des Metamorfosi («sorte de chaconne»), nettement plus développées, qui mettent en valeur les capacités polyphoniques de l’instrument. Le compositeur indique à cette occasion qu’il vient d’achever sa Sixième suite, destinée à François Salque, et que la transcription qu’il en a déjà réalisée pour orchestre, sous le nom de Partita, a été créée la veille à Rennes par l’Orchestre de Bretagne: de plus grande ampleur (dix-huit minutes), elle marque selon lui l’aboutissement, au fil de ces Suites, d’un «retour» progressif à Bach via Britten, à la mémoire duquel il avait écrit les trois premières.


Thomas Valverde rejoint Clémentine Meyer pour la Sonate pour violoncelle et piano (1990-1992/1994), qui date de l’époque où Bacri dit avoir «tiré un trait sur beaucoup de choses» (les formes préétablies), se jugeant rétrospectivement «pas tout à fait à l’aise» dans l’écriture de cette sonate. Conçue à l’origine comme une Sonata austera, elle se caractérise effectivement ici ou là par une manière froide et objective qui suggère curieusement Hindemith. D’une durée de quinze minutes, elle comporte deux parties comprenant chacune deux mouvements enchaînés – dont un Scherzo qualifié de «course à la mort», où le Trio se fait Lamentoso, et un Postludio introduit par une cadence virtuose – la partition entière semblant marquée par des réminiscences du Dies irae, même si c’est un Epilogo sereno qui conclut.


L’atmosphère devient nettement plus souriante avec les deux premières des quatre très courtes pièces pour piano du Cahier pour Eloi (1977-1979/2000-2001), recueil pédagogique de «moyenne difficulté»: une Pastorale «très Darius Milhaud» puis une Romance «fauréenne», pour lesquelles Bacri a puisé dans ses cahiers de jeunesse. L’Elégie pour violoncelle et piano (2002) provient du troisième mouvement de la Seconde sonate pour violon et piano (par ailleurs transcrit pour alto). De façon assez prévisible, de lents accords réguliers du piano mènent à un paroxysme expressif qui laisse la place à une forme d’apaisement.


La Sonata da camera (1997-2000), à l’origine pour alto et piano (sachant qu’il en existe en outre des versions pour flûte ou pour violon), est construite en quatre mouvements (dix-huit minutes). Elle utilise un thème remontant à 1977, Andante fluide et détendu, énoncé à l’unisson au début du premier mouvement (Sonatina), lequel est enchaîné à un Scherzo (Presto misterioso), dont le Trio offre une brève mais intense plainte du violoncelle. Le troisième mouvement est à nouveau une Pezzo elegiaco, qui pourrait évoquer Martinu, tandis que les Variazioni finales ramènent à la fois le thème initial et la sérénité, s’achevant sur un accord parfait majeur. Après une prestation il est vrai physiquement exigeante, Clémentine Meyer se fait un peu prier pour bisser la première partie du Scherzo.



Le site de Nicolas Bacri




Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com