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Une après-midi aux Bouffes parisiens

Paris
Théâtre Mogador
03/12/2005 -  
Jacques Offenbach : Trafalgar sur un volcan – Ba-ta-clan

Stéphanie Loris (Katrina/Fé-han-nich-ton), Eric Huchet (Saint-Elme/Ké-ki-ka-ko), Guy Vives (Trafalgar/Ko-ko-ri-ko), Frank T’Hézan (Fé-ni-han)
Orchestre Pasdeloup, Cyril Diederich (direction)


La saison des Concerts Pasdeloup offre une place de choix à Jacques Offenbach, puisque trois de ses huit concerts lui sont intégralement consacrés: après «Offenbach à Paris» (voir ici) et «Offenbach à Vienne», c’était donc «Une soirée aux Bouffes», avec deux pièces destinées à l’inauguration des Bouffes parisiens «d’hiver», le 29 décembre 1855. On ne sait ce qu’en aurait pensé un autre natif de l’année 1819, Jules Pasdeloup – qui a notamment contribué à acclimater dans notre pays l’univers de Wagner, lequel n’a pas toujours été tendre avec le «petit Mozart des Champs-Elysées», le qualifiant «d’individu le plus international du monde» dont la musique «dégageait une chaleur de fumier où tous les cochons d’Europe étaient venus se vautrer» – mais on pourra considérer que c’est ici une autre manière de demeurer fidèle l’esprit du fondateur de l’orchestre, attaché à susciter des créations et à populariser le grand répertoire. Toujours est-il que le succès public aura été au rendez-vous tout au long de l’année, de telle sorte que la prochaine saison proposera derechef trois spectacles autour d’Offenbach, qui permettront notamment de découvrir des raretés comme Le financier et le savetier.


Avec Jean-Christophe Keck – grand ordonnateur de l’édition Offenbach en cours chez Boosey and Hawkes/Bote und Bock – en maître de cérémonie, assurant à la fois la présentation des œuvres, les textes de liaison et même le renfort des chanteurs, l’affaire ne pouvait que se dérouler dans les meilleures conditions. La récente reconstitution du manuscrit de Trafalgar sur un volcan, éparpillé feuille à feuille aux quatre coins de l’Europe, entre bibliothèques et salles des ventes, pourrait presque elle même inspirer une comédie, tant elle a donné lieu à des coups de théâtre. En Docteur Miracle, Keck est toutefois parvenu à ses fins, exhumant cet opéra bouffe en un acte, qui n’avait pas été entendu depuis sa création. Attribués respectivement à Ernest L’Epine et Joseph Méry, la partition et le livret seraient dus, en réalité, pour l’une, essentiellement à Offenbach et, pour l’autre, possiblement au duc de Morny, dont L’Epine était le chef de cabinet. Délibérément absurde, l’intrigue laisse néanmoins s’exprimer de brefs numéros musicaux aux climats variés, d’une belle subtilité. Cyril Diederich peine parfois à contenir les musiciens, qui, bien qu’en effectif restreint, ont tendance à couvrir les voix: exceptionnelle Stéphanie Loris en Katrina, excellent Eric Huchet, comme à l’habitude, en Saint-Elme, et Trafalgar un peu fragile de Guy Vives.


Plus conforme à l’image d’un Offenbach pétillant – malgré l’infinie délicatesse de l’air (avec violoncelle obligé) de Fé-han-nich-ton (J’étais aimable), rôle dans lequel Stéphanie Loris s’illustre à nouveau de façon éclatante – Ba-ta-clan, «chinoiserie musicale en un acte», n’a jamais quitté l’affiche depuis 1855, ce que l’on a nulle peine à comprendre: textes en chinois de cuisine, parodie de grand opéra (italien) entre Fé-ni-han (Frank T’Hézan) et Ko-ko-ri-ko (Guy Vives), galop entraînant du «ba-ta-clan» avec les vocalises aussi parfaites que comiques de Ké-ki-ka-ko (Eric Huchet), la «machine» tourne à plein régime et les spectateurs en redemandent, d’autant que l’après-midi aura passé un peu vite (soixante-dix minutes): à la satisfaction générale, le ba-ta-clan est donc repris en bis.



Simon Corley

 

 

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