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A table!

Paris
Salle Gaveau
02/01/2005 -  
Chansons de Roland de Lassus, Tilman Susato, Clement Janequin,…
Dominque Visse (haute-contre et direction) - Bruno Boterf (ténor) - Vincent Bouchot et François Fauché (barytons) - Renaud Delaigue (basse) - Eric Bellocq (luth et orgue)
Ensemble Clément Janequin

L’ensemble Clément Janequin convie le public de la salle Gaveau à un passionnant banquet musical franco-flamand en forme de palindrome. A partir d’une vingtaine de chansons ils explorent le répertoire de la Renaissance, donnant à entendre des chansons à boire, des récits de chasse, des scènes de marché, etc…



Les concerts de cet ensemble sont toujours parfaitement structurés et le choix des chansons est cohérent. Ainsi après s’être présentés avec Loiset Compète et son Nous sommes de l’ordre de Saint Babouyn particulièrement percutant avec les “don, don” sonores de Dominique Visse, les chanteurs entonnent la prière avant le repas O souverain pasteur de Clemens non Papa. Après cette entrée, les plats peuvent défiler et ils seront nombreux: de Rocourt à Josquin Desprez en passant par Clément Janequin et Claude Le Jeune. Ils achèveront le concert avec, du même Susato, la prière après le repas.
Les chanteurs de l’ensemble Clément Janequin ont beaucoup d’humour, c’est indéniable. Ils apportent une véritable vie aux chansons qu’ils interprètent et arrivent à tenir le public en haleine avec des oeuvres de Roland de Lassus ou à le faire rire avec des chansons qui racontent les chasses. Ils obtiennent toujours un grand succès avec La chasse au lièvre de Nicolas Gombert et La chasse au cerf de Clément Janequin. Ils peuvent s’en donner à gorge joie dans ces deux pièces et aboyer tout leur saoul: chaque chien est bien différencié, du roquet de Dominique Visse au bouledogue bien pataud de Renaud Delaigue, en passant par le chien vif de Vincent Bouchot. Dominique Visse joue parfaitement le jeu du chef de la meute et rappelle ses chiens-chanteurs par de vigoureux “Arrière chiens” en utilisant le suraigu de sa voix. Les chanteurs sont très attentifs au texte, bien évidemment, et jouent sur les sonorités des mots: dans Une fillette bien gorriere de Clemens non Papa, ils accentuent les “cocus”, ce qui rend l’histoire plus compréhensible et donc plus drôle.
L’ensemble tire aussi, de certaines chansons mélancoliques comme Maulgré moy de Tylman Susato, des couleurs particulièrement sombres et émouvantes. La déploration sur la mort de Jean Ockeghem est magnifique car ils adoptent un tempo lent, solennel, et digne d’une esthétique de messe pour terminer sur un “amen” très prenant et doux.

Eric Bellocq est toujours un aussi fin musicien et les parties instrumentales qu’il interprète en solo sont de purs bijoux. Il joue des petites oeuvres de Guillaume Morlaye avec énergie et avec un rythme incontestable, surtout les Branles d’Ecosse où peu à peu la mélodie se met en place grâce à un jeu subtil. Il accompagne avec délicatesse les chanteurs et donne parfois un peu plus de son à ses notes pour souligner tel passage.



L’ensemble Clément Janequin, très en forme ce soir, prouve une nouvelle fois que la musique française de la Renaissance est passionnante et variée. Un grand merci à Philippe Maillard Production qui donne la possibilité à cet ensemble, que l’on entend beaucoup dans les festivals mais bien peu dans les grandes salles parisiennes, de montrer l’étendue de son talent!



A noter:
- L’ensemble a enregistré ce programme dans un disque intitulé Les Plaisirs du Palais, chez Harmonia Mundi.
- On pourra retrouver l’ensemble Clément Janequin à la cité de la Musique le 11 juin 2005 pour un autre concert, Le chant des Oiseaux.
- Dominique Visse chante Arnalta et la Nutrice dans Le Couronnement de Poppée de Monteverdi à Garnier jusqu’au 22 février 2005.


Manon Ardouin

 

 

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