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Pasquale colonisateur

Montreal
Salle Wilfrid-Pelletier
01/29/2005 -   et les 31 janvier, 3,5,9 février 2005

Gaetano Donizetti : Don Pasquale


Kevin Glavin (Don Pasquale), Stephen Powell (Malatesta), Shawn Mathey (Ernesto), Nathalie Paulin (Norina), Etienne Dupuis (Le Notaire)

David Gately (mise en scène)
Tony Fanning (décors)
Helen Rodgers (costumes)
Mark McCullough (lumières)

Orchestre symphonique de Montréal et Chœur de l’Opéra de Montréal
Jean-Marie Zeitouni (direction)



Quoi que l’on en dise, le pari de la transposition à l’opéra demeure encore risqué de nos jours. Dans certains cas, la nécessité d’une approche scénique différente est difficile à établir; dans d’autres, le miracle se produit : on a qu’à penser à la scintillante Ariadne donnée sur cette scène en novembre dernier. Force est d’admettre que nos appréhensions étaient toujours bien réelles, à tout juste quelques jours de la première de la présente production, le souvenir d’un Elisir d’amore tout bonnement inqualifiable d’il y a quelques saisons hantant toujours nos cauchemars lyriques…


Ici, point de cauchemar : tout le monde est sauf, et la lecture de David Gately, bien rythmée, tout à fait cohérente sans être transcendante, préserve l’essentiel de l’esprit buffa tout en insistant de manière très efficace sur la rusticité psychologique des protagonistes et l’absence complète de scrupules qui les définit. Nous sommes au Far West et la morale, comme le droit, est chose bien relative : coincé entre une Norina outrageusement autoritaire, un Malatesta fourbe jusqu’au bout des ongles et un neveu scandaleusement paresseux et fainéant, le Pasquale de Kevin Glavin se révèle touchant dans sa bêtise, dans sa naïveté, sa solitude et son idéalisme déçu. La basse américaine livre ici une interprétation tant intéressante sur le plan spirituel que comiquement caractérisée. Du point de vue vocal aussi, sa contribution demeure, avec celle de Stephen Powell, la plus achevée de la soirée : couleur, virtuosité mordante, réel sens stylistique. L’Ernest de Shawn Mathey, même si très bien intégré dans la perspective globale de la mise en scène, déçoit malheureusement par sa pâleur et son manque d’abattage. Nathalie Paulin, bien que remarquablement mutine et manipulatrice, à l’aise avec la tessiture et l’écriture du rôle, ne parvient pas à rendre l’intransigeance de son personnage parfaitement crédible : on se surprend, finalement, que Pasquale veuille s’en débarrasser aussi…promptement. La direction attentive et affectueuse de Jean-Marie Zeitouni trahit certains moments d’emphase au demeurant pertinents, mais dont l’adéquation avec ce que l’on voit sur scène est questionnable. Pari risqué…pas toujours parfaitement tenu.

Au final, ce Don Pasquale fonctionne bien et procure un réel plaisir. La direction de l’Opéra devra toutefois être prudente si les lignes directrices énoncées hier soir sont celles qu’elle entend suivre dans son traitement futur de l’opéra bouffe italien. La sérénade d’Ernesto, au troisième acte, livrée dans ce qui peut probablement se rapprocher le plus d’un style opératique «country» avec banjos et mariachis au clair de lune, est venue mettre en lumière la fragilité de l’équilibre entre la concordance théâtrale et le danger de sombrer dans un kitsch irrécupérable…

Dans un tout autre registre, on nous annonce une grande soirée de gala avec Natalie Dessay, dans ses débuts canadiens, pour le 8 mai prochain. La célèbre soprano livrera «un bouquet d’airs de concert et d’opéra ayant fait sa grande renommée», accompagnée de son compatriote Emmanuel Villaume et de l’Orchestre Métropolitain du Grand Montréal. Avant de sauter dans les airs, fous de joie, on ne peut qu’avoir une pensée pour l’artiste et souhaiter très intensément que son état de santé lui permette effectivement de traverser l’Atlantique et surtout d’illuminer notre scène, le moment venu.



Renaud Loranger

 

 

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