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Les six vainqueurs Paris Théâtre du Châtelet 12/06/2004 - Gala des lauréats du Concours Long-Thibaud Orchestre Philharmonique de Radio France, Kirill Karabits (direction)
Au terme d’une compétition relevée (166 candidats au départ !), et dont nous avons rendu compte de la phase finale à Gaveau (lire ici) et à Radio France (lire ici), le temps était venu pour les six lauréats de profiter de leur toute nouvelle notoriété lors d’un concert de gala au Théâtre du Châtelet. Ces lauriers leur permettront, c’est le plus important, de jouer et de lancer leur carrière ; à ce titre le Premier Grand Prix décroche la timbale avec plus de vingt-cinq engagements, pour les autres rien n’est garanti mais une vingtaine de festivals et d’institution ont promis d’en accueillir plusieurs.
Si chacun des six pianistes, après cette difficile compétition, mérite toute notre attention, sur un concert, inévitablement, des personnalités émergent au détriment d’autres. Jouant dans l’ordre décroissant, le Sixième Prix, la française d’origine russe Vera Tsybakov (22 ans) donne un Rondo capriccioso de Mendelssohn qui penche trop du côté de Chopin pour convaincre. Le russe Pavel Dombrovsky (22 ans) fait faible impression dans les Vingt regards sur l’Enfant Jésus de Messiaen avec un «Regard de l’esprit de Joie» qui manque d’impact et de dynamique. Après des Poissons d’or de Debussy un peu pressés, le chinois Mu-Ye Wu (19 ans) déclenche les premiers applaudissements nourris de la salle avec un très volontaire, mais manquant d’unité organique, «Mazeppa» des Etudes d’exécution transcendante de Liszt.
Troisième Grand Prix, le français Jean-Frédéric Neuburger (18 ans) exprime une personnalité et déploie une dimension pianistique d’autant plus étonnantes compte tenu de son jeune âge. Dans la captivante Sonate phonomorphique (écrite spécialement pour ce concours) du talentueux compositeur suisse Richard Dubugnon (né en 1968) comme dans la «Tarentella» (des Années de pèlerinage) de Liszt, il fait preuve d’une intériorité, d’un sens de la construction et d’une maîtrise technique remarquables. Incontestablement un musicien à suivre. Ensuite l’italien Alberto Nose (25 ans) donne un très convaincant Premier concerto de Liszt (technique impeccable, sens du dosage), même si sa prestation tourne par moment au narcissisme. Enfin, le Premier Grand Prix termine en beauté ce gala, le chinois (étudiant à Paris) Siheng Song (22 ans) donne le superbe Premier concerto de Prokofiev. Technique souveraine et clarté du touché (il ne «cogne» jamais), voici également un nom à suivre.
Le site du Concours Long-Thibaud
Philippe Herlin
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