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Horloger suisse

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
11/30/2004 -  
Igor Stravinski : Octuor – Pulcinella (suite)
Joseph Haydn : Symphonie n° 82 «L’Ours»
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n° 26 «Le Couronnement»

Bruno Leonardo Gelber (piano)
Ensemble orchestral de Paris, Matthias Bamert (direction)


L’Ensemble orchestral de Paris (EOP) proposait l’un de ses programmes typiques, mêlant classicisme et néoclassicisme, avec deux œuvres parisiennes de Stravinski encadrant l’une des Symphonies parisiennes de Haydn et un concerto de Mozart: dès lors, le venue de Matthias Bamert, chef principal de l’Orchestre symphonique d’Australie occidentale (Perth) depuis 2003 mais surtout connu pour sa remarquable série d’enregistrements de contemporains de Mozart parue chez Chandos, paraissait d’excellent augure. Et l’attente ne fut point déçue.


De l’Octuor (1923) de Stravinski, il donne une lecture austère et froide, dépourvue d’humour, mate, au discours plus fragmenté qu’unitaire, bien loin de la «fort agréable musique» que le compositeur disait avoir entendue en rêve. Dans la Quatre-vingt-deuxième symphonie «L’Ours» (1786) de Haydn, même s’il répartit les vingt-neuf cordes de façon plus traditionnelle (violoncelles et contrebasse à droite), le chef suisse se place dans un esprit assez voisin de celui dans lequel John Nelson, directeur musical de l’EOP, aborde cette musique. Mais il n’en parvient pas moins à imposer ses propres vues: précis, respectueux du texte, il privilégie la clarté des lignes et l’équilibre entre les pupitres, des tempi globalement retenus et des phrasés très tenus. Contrôlé jusqu’au moindre ralenti expressif, le propos se veut davantage élégant et transparent que débridé ou expansif, les effets dramatiques naissant des contrastes de nuances dynamiques: conception d’une parfaite cohérence, remarquablement assumée de part en part et fidèlement suivie par les musiciens.


La place réservée au Vingt-sixième concerto «Le Couronnement» (1788) de Mozart, après l’entracte, confirmait bien que la présence de Bruno Leonardo Gelber était considérée comme le moment le plus important de cette soirée. Et nul doute que c’est le pianiste argentin qui y avait effectivement attiré un public aussi nombreux, frappant par la pureté de sa sonorité, à l’unisson de l’accompagnement limpide dispensé par Bamert. Sans être nécessairement plus spontané, il se montre toutefois plus souple, plus libre, mettant en valeur alternativement le lyrisme et la volubilité de la partition, grâce à un toucher et à une agilité qui portent la marque de Marguerite Long, dont il fut le dernier élève, avant de remporter, en 1961, le troisième prix du Concours auquel elle a donné son nom (1).


Retour à Stravinski pour conclure, avec la Suite de Pulcinella (1920), où Bamert réalise à nouveau un travail finement ouvragé. Cinglant et mordant à souhait, il révèle cependant de façon assez inhabituelle une expression parfois plus romantisante qu’ironique ou même simplement pince-sans-rire.


(1) L’admiration légitime que suscite le talent de B. L. Gelber doit-elle conduire à affirmer tout de go, ainsi que le faisait récemment l’un de nos confrères de la presse écrite: «La légende a commencé quand [Bruno Leonardo Gelber] ne remporta que le troisième prix du concours Long-Thibaut [sic]. (…) Quelques longues années plus tard, tout le monde a oublié les noms des deux gagnants.»? Jean-Claude Pennetier, deuxième grand prix de cette édition 1961 du concours, aura certainement apprécié…



Simon Corley

 

 

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