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Le coeur sur la main

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
04/19/2000 -  
Serge Rachmaninov : Romances et mélodies
Piotr Ilitch Tchaïkovski : Arioso de la cantate Moscou
Alexandre Sergueïevitch Dargomyzhsky : " La chanson de Laura " (Le Convive de Pierre)
Amilcare Ponchielli : " Voce di donna " (La Gioconda)
Georges Bizet : Habanera (Carmen)
Charles Camille Saint-Saëns : " Printemps qui commence… " et " Amour viens aider ma faiblesse " (Samson et Dalila)

Olga Borodina (mezzo-soprano), Dmitri Yefimov (piano)

La mezzo russe Olga Borodina est une star montante de la scène internationale et, puisqu’ici il s’agit de chant, une diva montante. D’une diva, Borodina en a tout l’air, depuis l’allergie qui ce soir perturbe un peu son chant jusqu’à cette main souvent posée sur son coeur, à la russe. Elle a également la solidité d’une diva. D’une puissance extraordinaire, épaisse, très sombre dans ses couleurs, sa voix est presque trop lourde. L’impressionnante technique qui la soutient en fait oublier le poids. La chanteuse travaille cette matière avec une telle précision, une telle fermeté qu’elle semble pouvoir obtenir d’elle l’impossible. Certaines notes aiguës, si faciles d’émission, sont étonnantes au regard des graves qui les ont précédées.

Cette volonté qui s’empare de la voix s’empare de la même manière des airs chantés. Parfois un peu à l’étroit dans les mélodies de Rachmaninov, Borodina se réveille lorsqu’il s’agit d’opéra. Ses yeux lancent des éclairs, ses bras implorent, elle trône sur la scène, et sa voix suit son geste. Ses attaques sont coupantes, impérieuses, ses notes détimbrées fragiles et enfantines. Borodina sait transformer une note à peine émise, du bout des lèvres, en un véritable ouragan. Il se dégage de son chant une immense générosité, générosité des moyens et générosité de la présence au public.

Abordé dans la Habanera de Carmen et dans les airs de Samson et Dalila (entre autres bis, la chanteuse s’offrira également " Mon coeur s’ouvre à ta voix  " du même opéra, ainsi que la Séguedille de Carmen), le français n’apparaît pas comme un obstacle pour la mezzo russe. Très articulée, consciencieuse, sa diction rend chacune de ses syllabes intelligible. La chanteuse paraît, ce qui n’est pas toujours le cas, comprendre les mots qu’elle chante. Elle ira (caprice de diva ?) jusqu’à buter, dans la Séguedille, sur un malencontreux " le sem " qu’elle corrigera aussitôt, avec des mines d’excuses, en un triomphant " la semaine ", avec un naturel sidérant.

Grandeur et fragilité, égocentrisme et humilité font la diva, et Olga Borodina, peut-être bientôt " la Borodina ", conjugue merveilleusement bien ces extrêmes. Elle est une chanteuse comme on n’en fait plus, une diva à l’ancienne, avec toute la majesté mais parfois aussi la rigidité que cela implique. Les ficelles sont un peu trop apparentes, la spontanéité et le naturel manquent parfois ? L’enjoleuse ne cache pas son métier ce qui ne l’empêche pas d’enjoler.



Gaëlle Plasseraud

 

 

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