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La revue parisienne

Paris
Opéra comique
11/12/2004 -  et 13, 14, 16*, 17, 18, 19, 20, 21, 23, 24, 25, 26, 27, 28 et 30 novembre, 1er, 2, 3, 4, 5, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 28, 29, 30 et 31 décembre 2004, 1er (deux fois), 2, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 18, 19, 20, 21, 22 et 23 janvier 2005
Jacques Offenbach : La Vie parisienne
Patrick Rocca/Michel Trempont (Le Baron), Pierre-Yves Duchesne/Martial Defontaine (Gardefeu), Eric Huchet/Pierre-Yves Duchesne (Bobinet), Franck T’Hézan (Le Brésilien), Frédéric Longbois (Prosper, Alphonse), Michel Tellechea (Frick), Guy Vivès (Urbain, Alfred), Olivier Podesta (Joseph, Trébuchet), Jean-Vital Petit (Gontran), Olivier Peyrebrune (L’employé), Patricia Samuel (Gabrielle), Marie-Stéphane Bernard (Métella), Maryline Fallot/Isabelle Fallot/Catherine Dune (La Baronne), Isabelle Fleur/Sabine Jeangeorges (Pauline), Ghislaine Maucorps (Madame de Quimper-Karadec), Marie-France Goudé (Madame de Folle-Verdure), Sabine Jeangeorges (Clara), Isabelle Renard (Léonie), Charlotte Baillot (Louise)
Yves Parmentier (chef de chœur), Paris opera comical orchestra (POCO), Gérard Daguerre (direction musicale et orchestration)
Jérôme Savary (mise en scène, adaptation), Michel Lebois (décors), Michel Dussarat (costumes), Alain Poisson (lumières), Nadège Maruta (chorégraphie)


Au cours d’une saison assez atypique en raison des travaux qui ont été entrepris, l’Opéra comique propose pour soixante-quatre représentations, jusqu’au 23 janvier, une reprise de la coproduction avec le Capitole de Toulouse de La Vie parisienne (1866) d’Offenbach déjà présentée tout au long de l’année 2002 Salle Favart puis en tournée aux Etats-Unis en février dernier.


Il s’agit ici d’une double adaptation: Gérard Daguerre a réduit la partition pour une formation de vingt et un musiciens qu’il dirige lui-même, tandis que Jérôme Savary, qui a déjà moult fois mis en scène cet opéra bouffe dans le passé, accompagné ici de ses complices habituels (Michel Lebois pour les décors et Michel Dussarat pour les costumes, ou le fascinant contorsionniste Marco Oranje), a resserré l’action: pas de quatrième acte, comme dans la version de 1873, mais sans totalement occulter pour autant les personnages de Madame de Quimper-Karadec et de Madame de Folle-Verdure. Le texte, y compris certains couplets chantés, a été «actualisé» ici ou là, comme c’est l’usage dans ce répertoire, avec force anachronismes et calembours. Au début du premier acte, les employés du chemin du fer deviennent ainsi... des grévistes porteurs de banderoles revendicatives. Pourquoi pas, si l’on adhère à ce qui semble être la devise fièrement assumée du patron de l’Opéra comique: «Plus c’est gros, plus ça passe» ou, pour rester dans l’ambiance, «on va s’en fourrer jusque là».


Comme de coutume avec ce trublion et son indéniable sens du rythme, à l’unisson d’une musique volontiers endiablée, il se passe toujours quelque chose, dans une continuelle agitation délirante où les idées se succèdent sans relâche. L’imagination a résolument pris le pouvoir, la gare ressemblant par exemple à une cour des miracles peuplée de personnages sortis des romans de Victor Hugo, tandis qu’une incarnation du compositeur vient par deux fois apporter une sorte de parrainage à la créativité toujours controversée du metteur en scène, venu en personne présenter sa troupe lors des rappels: certains apprécieront chez lui une frénésie qui peut s’apprécier au premier ou au énième degré, d’autres crieront à la farce épaisse, voire à la vulgarité, tant il est sans doute possible de concevoir, au bénéfice des recherches musicologiques et historiques récentes, un Offenbach plus fin et spirituel.


De fait, l’intrigue devient ici un prétexte au règne de l’absurde et à une succession de numéros individuels: au fond, c’est à une revue que l’on assiste, à la fois burlesque – avec ses accents forcés (un «Suédois» plutôt teuton et un «Brésilien»... d’opérette, sans parler de l’amiral suisse) ou ses bruitages venus de la fosse pour appuyer tel ou tel jeu de scène – et surtout dansante, avec «vrai» cancan omniprésent chorégraphié par Nadège Maruta et personnages qui descendent parfois du plateau pour se joindre au public. Le premier rang du parterre consiste d’ailleurs en des tables où une vingtaine de spectateurs, attablés comme dans un cabaret, ont payé le prix fort pour passer la soirée en compagnie d’une bouteille de champagne dont la marque fait, au dernier acte, l’objet d’une publicité dépourvue de la moindre ambiguïté.


Le volet musical mêle le navrant, avec un orchestre bruyant, cantonné au zimboumboum, et le satisfaisant, à savoir une distribution vocale qui réunit une grande partie de l’équipe d’il y a deux ans, réservant d’excellents moments, notamment côté femmes: si l’on n’a pu entendre Maryline Fallot, souffrante et remplacée de façon tout à fait honnête par Marie-France Goudé dans le rôle de la Baronne, il y a tout lieu de se réjouir de la Métella très opératique de Marie-Stéphane Bernard, de la Pauline parfaitement piquante d’Isabelle Fleur et, avant tout, de la Gabrielle étincelante d’une Patricia (Samuel) qui fait souvent songer à une autre (Petibon).


Côté hommes, une brochette d’acteurs-chanteurs (à moins que ce ne soient des chanteurs-acteurs) familiers de l’opérette ou de la comédie musicale, tels que Patrick Rocca (le Baron), Pierre-Yves Duchesne (un Gardefeu qui deviendra Bobinet courant décembre), Eric Huchet (Bobinet) ou Franck T’Hézan (le Brésilien), est complétée par de plaisants timbres légers, comme le Frick de Michel Tellechea, ou bien Frédéric Longbois, qui campe un Prosper et un Alphonse délibérément outrés.



Simon Corley

 

 

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